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Définitions
Véganisme
Végétalisme
Végétarisme
Pesco-Végétarisme
Flexitarisme
Carnisme
Abolitionnisme
Spécisme
Sentience
Moral & éthique
Notre société carniste
Grandir dans le carnisme
Le carnime des autres
Le droit animal en France
Des traditions violentes
La réalité de l'élevage
Le clash végan
La défense du Carnisme
Mais il faut bien qu'on mange!
Mais c'est nécessaire pour être en bonne santé!
Mais c'est naturel!
Mais c'est normal!
Mais on a besoin de l'engrais!
Mais c'est la chaine alimentaire!
Mais nous sommes omnivore!
Mais les animaux sont créés pour l'élevage
Mais on a besoin de protéines!
Mais la viande c'est pour les vrais hommes!
Esquive éthique
Bah... la morale est subjective.
Bah... moi je suis neutre.
Bah... je veux juste qu'on me laisse tranquille.
Un monde meilleur, mais avec un jambon beurre
La ferme parfaite
Le respect des animaux
Les pratiques incompréssibles
Les conséquences de la ferme parfaite
Contre-attaque !
Et l'extrêmisme végan?
Et l'usage des mots viol, meutre, vraiment?
Et les casseurs végans?
Et les végans sur une île déserte?
Et les végans qui tuent marchent sur des fourmis?
Et la faiblesse des véganes?
Et la culture de plantes qui tue les souris des champs?
Et le lion doit devenir végan alors?
Et le cri de la carotte
Et le dogme des végans zélotes?
Et la pollution des avocats du bout du monde?
Et la pauvreté du régime végan?
Et le soja qui detruit l'Amazonie?
Et la B12 alors?
Et le calcium alors?
Et les hormones dans le tofu alors?
Et le militantisme violent des végans?
Et tu te crois meilleur que moi?
Et la dictature végan?
Et le prix des produits végans?
Et la ruine de tout un secteur?
Et la coupure avec les animaux?
Et les humains alors?
Et que va t-on faire des animaux alors?
Et que vont devenir les espèces d'élevage?
Et pourquoi faire des plats qui ressembent?
Et pourquoi reprendre le terme saucisse?
Et les additifs dans les produits végans?
Et ton canapé en cuir, il est végan?
Et vos animaux de compagnie?
Et les végans repentis?
La posture végane
L'éthique végane
L'état de nécessité
Le mal est fait
Tuer n'est pas jouer
La viabilité du régime végan
L'éthique végane appliquée aux produits animaux
La limite de l'impératif moral
La pollution
Les surface agricoles
L'eau
La viande dangereuse pour la santé
La condamnation du lait
La condamnation des oeufs
La condamnation du miel
Errare Veganum Est
Le véganisme est meilleur pour la santé!
Les carnistes sont tous des hypocrites
Nous sommes frugivores!
Tous plus jeunes avec le véganisme
Suivez les stars végans!
Vers le véganisme
Vous n'êtes pas obligé d'être végan
Le lait végétal
Arrêter le boeuf
Les alternatives à la viande
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La viande de laboratoire
Junk Food végan
Devenir végan
Le Fromage est une drogue
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Un monde végan
La fin de l'élevage
La fin de l'équitation
La fin des cirques
La fin des zoos
La fin de la chasse
La fin des épidémies
La fin de l'expérimentation animale
La fin de toute exploitation?
Nos nouveaux compagnons
Les océans
L'entrée dans le Conseil Galactique
Fin


Véganisme

Le véganisme. Cette mode alimentaire extrême qui colle à tous les médias, télé, cinéma, magasines, Internet, partout. Impossible d'y échapper.
Je vous propose qu'on fasse tout le tour, histoire d'être incollable. On va aller retourner le plus petit cailloux dans le jardin de cette secte de mangeurs de graines.
On abordera l'éthique, la santé, l'écologie et pléthore d'objections, certaines solides et d'autres tordues. Je suis sûr que vous connaissez quelque points rhétoriques comme le cri de la carotte, ou alors vous n'êtes pas de cette planète, ou de cette époque. Dans les deux cas, vous êtes quand même bienvenu.
On verra à la fin des astuces pour survivre dans un monde végan.

Petit disclaimer : par honnêteté intellectuelle je suis contraint de vous informer que je suis moi même végan depuis de longues années, à voir toute ma musculature fondre et mes amis me quitter d'un air outré. Tout ce qui est écrit ici est donc forcément biaisé par une mauvaise foi de niveau olympique.

Définitions

Véganisme

Le véganisme est une idéologie qui consiste à reconsidérer les intérêts des animaux sentients, en évitant autant que faire se peut de leur nuir.

Les conséquences sont nombreuses sur tous les aspects de la vie : pas d'achat d'un animal, pas de veste en cuir, pas de riz transporté à dos d'âne, rien qui ne puisse financer un système de biens marchands concernant les animaux, et condamnation de tout ce qui peut leur faire du mal. Les notions seront développés plus loin.

Végétalisme

Le végétalisme est un régime alimentaire qui exclut tous les produits animaux : viande, oeuf, lait, miel, etc.

La distinction entre végétalien et végan ne se fait pas au quotidien, à priori un végan est végétalien. Mais il y a bien une différence fondamentale. On peut devenir végétalien pour des raisons médicales, et acheter du cuir. Alors qu'un végan ne va pas acheter des végétaux produits en exploitant des animaux, comme des noix de coco cueillies par des singes. Mais en gros, la bouffe du végan est végétalienne.

Végétarisme

Le végétarisme est un régime alimentaire qui exclut les morceaux de cadavre, mais comprend les produits dérivés comme les oeufs, le lait ou le miel par exemple.

Le végétarisme remonte très loin dans le temps. Pythagore défendait déjà la cause animale quand il a décidé de nous casser les pieds avec ses triangles à 2000 ans d'interval. Comme quoi les emmerdeurs végé, ça date pas d'hier. Bien entendu, même s'il a existé, le véganisme n'était pas viable[1] jusqu'aux années 70 du siècle dernier (le 20ème, je précise pour l'équipage du Nexus VI).

Pesco-Végétarisme

Le pesco-Végétarisme est un régime alimentaire végétarien mais qui ajoute le poisson.

Pour être franc, je ne comprends pas le pesco-végétarisme. Némo non plus. En lisant sur le sujet, j'ai vu qu'il existait aussi le pollo-végétarisme, je vous laisse deviner ce que c'est, facile pour ceux qui ont fait latin. Dans les années 1940, avec l'émergence du véganisme, on a eu besoin d'un nouveau terme pour désigner cet élan (pas l'animal) qui se distinguait bien du végétarisme lié uniquement à l'alimentation. On a inventé le mot "vegan". Donc si on a besoin d'un nouveau mot pour discuter d'un nouveau concept, on l'invente. Mais on n'invente pas des mots pour tout sans raison. C'est amusant mais pas pratique. Si j'ai un régime végétarien dans lequel j'exclue les cerises, je vais dire que je n'aime pas les cerises, je ne vais pas lancer l'usage du mot sineceraso-végétarisme pour cette carpophobie bien spécifique.
Donc j'aimerais comprendre dans quel but le mot pesco-végétarisme a été diffusé. Pourquoi c'est quelque chose qui pèse dans le club fermé des régimes alimentaires ?
Le pesco-végétarien mange toujours de la chaire animale, donc il n'y a pas de volonté éthique derrière la distinction avec le régime carné.
J'ai cru comprendre qu'il s'agissait de raisons écologiques, mais j'ai peur que ce ne soit qu'un bête spécisme pour ne considérer digne de notre empathie que les animaux terrestres. Si quelqu'un peut me contredire là dessus je serai ravi d'ajouter son explication.

Flexitarisme

Le flexitarisme est un régime alimentaire ayant une base végétarienne mais qui autorise occasionnellement les viandes.

J'ai vraiment essayé de voir avec les nombreux flexitariens que j'ai rencontré au hasard des débats quelle était la notion d'occasion, et la diminution effective des produits animaux. Quand j'ai des réponses, c'est très variables.
Il n'y a aucune contrainte dans le flexitarisme, d'où le nom, la diminution se fait selon chacun, selon les humeurs, quand elle se fait, si elle se fait.
J'imagine que certaines personnes prennent ce statut au sérieux, mais, vu de l'extérieur, ça paraît un voeux pieux sans conséquence, un peu comme acheter un abonnement à la salle de sport et se dire flexisportif. On pourrait ensuite faire de véritables efforts sportifs, ou ne jamais mettre les pieds à la salle, on ne sait pas. Au final un flexitarien peut manger comme un non flexitarien. Le mot ne nous dit absolument rien, il est inutile en terme de transmission d'information, ce qui est un comble pour un mot.
Soyons charitable et prenons le flexitarisme comme une prise de conscience en quittant le carnisme (voir ci-dessous).
A nouveau, si quelqu'un souhaite me contredire, je mettrai ici la défense de ce mouvement.

Carnisme

Le Carnisme est l'idéologie dominante, agressée par le véganisme, qui consiste à considérer comme Normal, Naturel et Nécessaire de consommer des produits animaux.

J'ai très souvent vu ce terme utilisé dans des volées de bois vert digne du capitaine Haddock, comme un synonyme d'ignare, puisque l'aspect Nécessaire consiste à ignorer l'état de la science sur le sujet, mais je vous promet qu'il ne sera pas utilisé ici comme tel. J'ai besoin d'un mot pour couvrir la vision dominante concernant les animaux d'élevage. C'est une posture morale par défaut, celle que j'avais moi même et que j'ai vaillamment défendu, avant de tomber dans les pommes et les champignons.
D'ailleurs, si vous ne vous faites pas avoir par l'erreur logique du Naturel, ou si vous savez que les produits animaux ne sont pas Nécessaires, vous n'êtes pas Carniste.

Abolitionnisme

L'abolitionnisme est une idéologie qui consiste à se battre pour le droit des animaux jusqu'à obtenir le droit de ne plus être considéré comme des biens marchands.

Il s'agit de la branche militante du véganisme. Cette distinction permet de dévoiler un aspect important du véganisme : le végan n'est pas l'ami des animaux. C'est l'abolitionniste l'ami des animaux. Le végan ne fait que lacher le couteau, il ne fait rien d'autre que d'arrêter de faire du mal. Alors certes, "ne pas souffrir" est un droit pour les animaux que défendent les végans, de fait, mais le végan, dans la définition, s'arrête au boycott des produits animaux issus de l'exploitation. L'abolitionniste lui a un premier objectif legislatif : ne plus considérer les animaux comme des biens marchands, exactement comme l'abolition de l'esclavage humain.

Spécisme

Le spécisme est une discrimination basée sur l'espèce.

Alors attention, accrochez vous parce que ce n'est pas évident. Le spécisme consiste à discriminer deux groupes en utilisant l'espèce comme critère. Et, d'après mon expérience, il est important de rappeler ce qu'est une discrimination.
Ici on ne va pas utiliser la discrimination dans son sens de simple distinction, car nous parlons d'injustice, comme pour le sexisme et le racisme. Ici, la discrimination, c'est mal, parce qu'elle provoque une injustice.
Une discrimination, c'est une distinction de deux groupes, avec un avantage pour l'un (ou désavantage pour l'autre), en se basant sur des critères non pertinents. D'où l'injustice.
Exemple 1: j'aime les blondes, je donne le poste de secrétaire à une blonde parce qu'elle est blonde. Désavantage pour toutes les brunes qui se sont présenté, le critère blond n'est pas pertinent pour l'activité de secrétariat: discrimination.
Exemple 2: J'aime les blondes, j'épouse une blonde. Désavantage pour toutes les brunes qui ont essayé, le critère blond est pertinent dans le choix d'un partenaire: pas discrimination.
Quand le critère de distinction non pertinent est la race (l'éthnie), c'est du racisme, quand le critère est le sexe, du sexisme, et pour le critère de l'espèce, c'est du spécisme.
Quand notre société décide que les chiens doivent être protégés, mais pas les cochons (voir le chapitre Le droit animal en France), c'est du spécisme. Alors que lorsqu'elle décide de protéger les humains, mais pas les cochons, ce n'est pas du spécisme, car ici l'espèce est un critère pertinent pour composer ladite société.
Attention, quand le critère est pertinent, ce n'est pas discriminatoire. Notre société fabrique des sous-vêtements adaptés à chaque sexe, et ce n'est pas de la discrimination, même si vous voulez porter des soutiens gorge et qu'il n'y en a pas dans le rayon pour male alpha.

Sentience

La sentience est la capacité à ressentir subjectivement, d'éprouver et de vivre des expériences.

Les animaux sont sentients. Mais en fait non, la bonne blague. En effet le règne animal est assez vaste. La science a démontré la sentience de certains insectes, mais c'est beaucoup plus compliqué pour d'autres. Concernant les bivalves, il est possible que ces animaux ne soient pas sentients, ils disposent d'un mécanisme neurologique proto-sentient trop peu développé. Bref, le débat est encore ouvert sur la démarcation de la sentience, si tant est qu'une démarcation claire soit seulement possible. Par contre pour les mammifères, les poissons, etc. ils sont tous sentients, c'est sûr.
Notez que les bactéries ne sont pas des animaux, et qu'elles ne sont pas sentientes.
Pour des raisons pratiques, on va quand même utiliser la généralité : les animaux sont sentients.

Moral & éthique

La moral c'est l'ensemble des règles que l'on s'impose sur le bien et le mal.
L'éthique, c'est la réflexion sur les valeurs morales.

La moral est quelque chose de profondément subjectif. Mais nous ne sommes pas des animaux solitaires, nous faisons société, et sur certains points, la société (par influence de la masse et des gens de pouvoir) s'impose dans à notre subjectivité morale. J'ai beau considérer personnellement que c'est ok de tuer des gens, si ma société me dit que c'est mal, elle ne va pas me laisser faire.

Notre société carniste

Grandir dans le carnisme

Nous grandissons dans une société où il est normal de consommer de la viande, des oeufs, du lait. On y prend goût, on grandi avec. La nourriture est un élément constitutif de notre corps, la nourriture nous constistue, littéralement, et notre esprit se rempli de souvenirs gustatifs. Pour ma part c'est le lard l'élément le plus important de ma jeunesse. Si on s'interroge dans l'enfance sur le pauvre animal, la réponse la plus commune est l'importance nutritionnel des produits : la viande donne du muscle, le lait renforce les os, etc. Les plantes aussi sont importantes, elles donnent du gout avec les épices et permettent, par exemple, une bonne digestion avec les fibres. Mange tes légumes! Les différents aliments ont des fonctions différentes. Si on n'y prend pas garde, si on ne finit pas sa tranche de jambon, ou ses légumes, on sera malade.
Mais ce n'est pas une raison pour être violent envers les animaux, si un enfant veut donner un coup de pied à une poule ou un chien, on le gronde. La violence, d'accord, mais pour la nourriture, parce que c'est nécessaire. C'est regrettable, mais c'est ainsi.
Notre société évoluant de plus en plus vers une condamnation de la violence sous toutes ses formes, dans tous les aspects de la vie, il devient impératif de ne pas montrer cette violence pourtant nécessaire. Les boomers ont vu des cochons et des moutons se faire saigner. Ce n'est plus le cas avec les nouvelles générations, a moins de naitre dans un milieu spécifique.
Aujourd'hui, toute l'industrie évite de parler de ce qui se passe entre la vache heureuse dans le champ et le bon steak dans l'assiette[2]. Ce n'est plus possible dans notre société. Nous sommes éduqué à ne pas regarder, tout le monde fait en sorte que ça reste dans l'ombre, et on voit des vaches heureuses dans les publicités en train de donner leur lait en chantant. On en arrive à des situations source d'humour, comme dans cette vidéo où on propose aux visiteurs d'un supermarché de manger de la saucisse fraiche, vraiment fraiche[3].

Le carnime des autres

En grandissant on regarde le monde, et on s'interroge. On se pose des questions. Pourquoi tuer un cochon, mais pas un chien ?
D'autres cultures ne tracent pas la même ligne entre nourriture et compagnons, ils mangent du chien, ils ne mangent pas les lapins. Ces autres lignes ne sont pas moins valides que les notres, elles viennent d'une culture, de choix arbitraires sur une autre façon de vivre et voir le monde animal. Le critère d'espèce pour distinguer le traitement d'un chien et d'un cochon ne repose sur rien d'objectif, c'est simplement un trait culturel.
Rendez vous compte, il y a même des cultures végétariennes. Trouvent-ils leur force dans les légumes?

Le droit animal en France

Selon les articles L214 du code pénal[4], nous protégeons les animaux de compagnie et les animaux sauvages. Comme par hasard les législateurs ont pris le même numéro qu'une association bien connue[5]. Comme par hasard!
En gros, vous ne pouvez pas infliger de souffrance, ou tuer un animal. Sous peine d'amende et de prison. Avec une exception pour l'élevage, la chasse et les traditions locales.
Les abolitionniste ont pour objectif de placer tous les animaux sentients sous la protection d'une telle loi, pas uniquement une liste déterminée arbitrairement (spéciste donc). Le véganisme est un comportement qui fait comme si cette loi était déjà là.

En France, il est interdit de commercialiser de la viande de chien ou de tuer des chiens pour sa consommation, étant donné que cela relève de la cruauté et de mauvais traitements envers les animaux domestiques, selon l'Article L214-339 du Code rural et l'Article 521-140 du Code pénal. Selon le Code pénal, de tels actes sont passibles de deux ans d'emprisonnement ainsi que 30 000 euros d'amende.
Blesser ou tuer involontairement un animal domestique ou un animal sauvage apprivoisé ou tenu en captivité est puni de 450 € d'amende. Il faut que la blessure ou la mort soit causée par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou non respect d'une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi.
Vous pouvez donc manger du chien, mais vous ne pouvez pas le tuer et le commercialiser à cette fin. Pourquoi ? Parce que : culture.

Des traditions violentes

On prend rapidement et facilement parti contre des pratiques violentes, de chez nous ou d'ailleurs qui ne sont pas nécessaires comme la corrida, le grindagrap, le marché de Yulin, le tourisme animalier, etc.
Ce n'est pas si difficile de les condamner, pas tant sur l'aspect des morts animales, que sur des notions d'abus, de violences poussées à l'extrême, sans nécessité. Vient alors l'idée de bien être animal. Condamnons les morts animales inutiles, et quand nous devons les tuer, faisons en sorte de bien les traiter au cours de leur vie. Nous ne sommes pas de monstres, la moindre des choses c'est de leur faire le moins de mal possible, se contenter de la stricte violence nécessaire.

Certains vont plus loin, et dénoncent toutes les pratiques horribles dont on pourrait se passer, comme l'élevage industriel des poules entassés, les fermes de 1000 vaches dignes de distopie, la production de foie gras, voir le cirque. Que l'on puisse justifier de tuer des animaux d'élevage pour se nourrir, d'accord, mais ça n'est pas une raison pour que leur vie soit soit un enfer. Changeons tout ça!

La réalité de l'élevage

Les plus courageux, les mieux informés, connaissent l'horrible réalité de l'élevage en France.
Les animaux sont envoyés à l'abattoir très jeunes, mais genre vraiment jeunes. La grande majorité des produits animaux vient de l'industrie, un véritable enfer. Pour faire des oeufs, on jette les poussins mâles inutiles dans des broyeurs. Oui, la loi qui l'interdit est en application depuis 2023[6], mais... une dérogation (b3) permet de broyer quand même le produit s'il est destiné à l'alimentation animale, ce qui, dans les faits, rend complètement caduque l'interdiction de broyage (et le sexage, couteux). Ah on a bien avancé.
On sait aussi que l'élevage industriel est destructeur de l'environnement, d'appauvrissement des sols, gros consommateurs d'eau, d'énergie, de médicaments, tout en produisant des scandales à répétition, au niveau éthique ou sanitaire.
Il devient impératif d'améliorer tout ça, de revenir à un élevage plus traditionnel.

Le clash végan

La plupart des gens aiment les animaux. Les enfants sont émerveillés devant les éléphants ou les pingouins. Un animal de compagnie est enrichissant. On adore donner à manger à des animaux, que ce soit des croccodiles ou des biches.
Mais dans ce monde idyllique, le danger rode, et au détour d'un post de déjeuner, un végan bondit et nous rappelle que nous ne pouvons pas aimer les animaux et les manger.
Ou alors c'est nous qui, sous un post végan, tenons à ce que l'on n'exagère pas trop, et que les oeufs du fermier à côté de chez nous, ça va.
Dans tous les cas de figure, le végan ne nous laissera pas respirer: on n'a pas besoin de manger de viande, on assassine des animaux violés et réduit en esclavage, on bouche nos artères avec toute cette viande, on pollue beaucoup trop, on est un sale carniste spéciste mangeur de cadavre hyper violent...
Quoi qu'il en soit, que l'on ait été soit même victime d'un végan, ou simplement témoin, la moindre évocation du véganisme fera ressurgir ce traumatisme.
En fait, la seule présence d'un végan rappelle qu'il est possible de ne pas tuer, mais qu'on ne le fait pas.
Par sa seule existance, le concept de véganimse agresse notre idéntité la plus profonde, notre façon de nous alimenter depuis toujours, nos habitudes et notre estime de nous même par rapport à la violence. L'attaque est brutale, et la réaction ne se fait pas attendre.

La défense du Carnisme

Le problème d'une invalidation du carnisme, c'est que si elle est fondée, particulièrement sur sa nécessité supposée, alors un consommateur de produits animaux se retrouve sans aucune justification valide pour la violence induite par son comportement, il est dans la position du torero qu'il condamnait avec fermeté pour sa violence inutile. C'est donc naturellement que toutes les personnes, moi compris, qui entendent ces idées folles de véganisme et d'anti-spécisme, vont défendre le carnisme. C'est un réflexe.
Tous les points qui se trouvent ici sont des défenses que j'ai vu écrites de mes propres yeux. Certaines sont vraiment stupides, mais encore une fois, c'est un réflexe défensif sur un sujet complexe que la personne n'a pas encore étudié et qui la touche au plus profond de son être, de son histoire et de sa culture. Donc il n'y a aucun problème, c'est le moment de sortir les bêtises, et on explique.

Mais il faut bien qu'on mange!

C'est un peu déstabilisant comme réponse parce que c'est une évidence tellement évidente qu'on a du mal à comprendre ce qu'elle vient faire ici. Et pourtant il y a une certaine logique : quand une personne très peu été exposée au véganisme se prend l'affirmation en pleine face qu'elle peut se passer des produits animaux, elle imagine ses repas sans ces produits, ce qui élimine une bonne partie de ce qu'elle mange. Et elle va mourir de faim dans un océan de salade fade.
Evidemment, la proposition du véganisme n'est pas d'enlever simplement les produits animaux, mais de se nourrir autrement.
Sur le même principe, si vous demandez à des amateurs de corrida d'arrêter de financer une activité si violente, ils vont s'imaginer en train de se morfondre chez eux jusqu'à la dépression et ils vous répondront qu'il faut bien avoir des loisirs sinon on devient fou.
Le carnisme est tellement ancré dans notre culture que ce n'est pas si simple d'imaginer faire sans.
Il faut prendre le temps d'expliquer qu'on mange pleins d'autres choses, et que c'est l'occasion de découvrir de nouveaux goûts.

Mais c'est nécessaire pour être en bonne santé!

Le véganisme est parfaitement viable. Et comme les végans se passent de produits animaux, de fait, par la définition de la nécessité, non, les produits animaux ne sont pas nécessaires à une bonne santé. Voir le chapitre La viabilité du régime végan.

Mais c'est naturel!

L'idée ici est de jusitifier la consommation de produits animaux (donc la violence inhérente) par la naturalité du produit ou du comportement. Faire cuire un steak sur un barbecue, ou manger un oeuf est très simple en comparaison à un produit industriel aux nombreuses transformations, additifs, etc. Ou qu'il est naturel de consommer ces produits, comme le ferait des hommes sauvages. Ce trait de nature peut faire référence à plusieurs choses selons les personnes, mais en gros, plus on est proche de la nature mieux c'est. Quelque part, plus on est proche de la nature, plus on peut le justifier. Non?
Alors déjà on peut remettre en question ce côté nature, parce que ce n'est pas un produit de la chasse à l'arc, et la notion d'élevage est tout sauf naturelle, comme l'agriculture. Les animaux que l'on élève sont transformés par des millénaires de sélection, ce sont aujourd'hui des monstres génétiques et ils sont médicalisés, supplémentés, nourris avec des mélanges industriels. Tout ceci n'a rien de naturel.
Mais ça n'a aucune importance. Car en fait le caractère plus ou moins naturel ou plus ou moins artificiel n'a rien à faire dans un débat sur l'éthique. L'uranium est naturel, les tremblements de terre sont naturels, le meurtre, le viol, le vol sont des comportements naturels. Ce n'est pas une bonne idée de suivre des comportements naturels ou plus généralement d'en appeler à la nature d'un comportement, d'un évènement ou d'un produit pour justifier son existence. C'est une erreur logique bien documenté[7].
Donc c'est naturel si vous voulez, ça ne change rien au problème.

Mais c'est normal!

On le fait tous, et nos ancêtre le faisait aussi. C'est une norme en effet, mais les normes se changent. On ne va pas conserver un comportement sous prétexte qu'on le pratique depuis longtemps, sinon on ne peut pas évoluer. C'est aussi une erreur logique[8].
Alors effectivement nos ancêtres consommaient ces produits (merci l'avantage évolutif), mais eux pouvaient justifier cette violence par la nécessité. Exactement comme de nombreux autres comportements violents, maintenus par des traditions lorsqu'ils perdent leur nécessité et combattus par tous les humanistes. Voir le chapitre L'éthique végane appliquée aux produits animaux.

Mais on a besoin de l'engrais!

Pour être honnête, je ne sais pas quelle est la part d'utilisation du fumier dans l'agriculture aujourd'hui. Mais une chose est sûr, on peut faire sans. Il existe pleins d'engrais à base de plantes, et je ne parle pas forcément de compost, mais bien de plantes utilisées pour faire de l'engrais végétal, comme la luzerne riche en azote, ou le brassica. Bref y'a de quoi faire en engrais vert[9].
Et puis comme ça on évite le problème des antibiotiques dans les déjections animales qui ne sont pas bons pour la vie souterraine. Je rappelle qu'au niveau de l'écologie, en terme de catégorie, l'eau grise devient de l'eau noir si elle est en contact avec des déjections, c'est une eau plus délicate à réutiliser et à rejeter.

Mais c'est la chaine alimentaire!

Le but d'une civilisation, d'une société, des lois que les humains crééent, c'est de nous extraire de notre condition animale, de la nature, de cette violente nature où le meurtre d'enfants est parfaitement normal, où la peur de mourir est constante. Nous avons tué nos prédateurs, créé l'agriculture et l'élevage pour avoir de la nourriture à portée de main. Nous avons créé notre propre "chaine" alimentaire en forme de pyramide, où nous régnons en maître, tout en haut, jusqu'à ce que l'on meurt en poussant au maximum notre espérance de vie. Oui, ce n'est plus une chaîne.
C'est un peu gonflé après tout ça d'en appeler à la chaine alimentaire naturelle pour justifier la domination de pauvres créatures sans défense, comme si nous la subissions et que ça nous donnait le droit de faire subir.

Mais nous sommes omnivore!

Alors oui l'humain est omnivore. Et bien sûr c'est un trait extrêmement avantageux pour l'opportunisme alimentaire, qui a du jouer un rôle important dans l'évolution. Mais l'humain pourrait aussi bien être carnivore, à partir du moment où il trouve un moyen de s'alimenter sans infliger la souffrance et la mort, il tombe sous l'impératif moral de choisir la voie la moins violente. L'omnivorie n'est ni un argument valide en faveur du carnisme, ni un argument valide en faveur du véganisme.
A aucun moment l'omnivorie impose de consommer des produits animaux, c'est justement parce qu'on est omnivore qu'on peut être végan.

Mais les animaux sont créés pour l'élevage

C'est une posture avec laquelle j'ai du mal. Je ne comprends pas bien comment on peut suivre une telle logique. Ce serait considérer que l'on peut imposer n'importe quel destin à quelqu'un à partir du moment où l'on est responsable de sa naissance. Les implications sont assez... perturbantes. Et illégales en France puisque je ne pourrais pas appliquer cette logique à des chiots. Ou des humains.
Ce n'est pas parce que nous faisons naître les animaux que nous avons un quelconque droit sur eux.

Mais on a besoin de protéines!

Non. Enfin, si, mais notre alimentation est suffisament riche pour couvrir tous nos besoins en protéines. Alors attention, il s'agit de ne pas faire n'importe quoi avec votre diète, cela vaut pour toutes les diètes, et particulièrement si vous faites des changements radicaux, quels qu'ils soient.
Vous pouvez tout trouver dans les plantes[10] pour construire vos protéines.

Mais la viande c'est pour les vrais hommes!

Bon, bah, disons que la publicité de l'industrie a été efficace. C'est elle qui a entretenu le lien entre viande et virilité. C'est le mythe du prédateur, c'est culturel, quand on mange la viande on absorde le muscle, donc la force de la proie. Quand on mange de la salade, on récupère la pertinence de la salade.
C'est tellement perché comme argument qu'on le voit plus souvent comme une blague. Mais ça arrive que ce soit premier degré, il suffit de savoir où chercher.

Esquive éthique

Bah... la morale est subjective.

Alors, effectivement, la morale est subjective. Et il existe des gens qui estiment réellement que leur plaisir gustatif est plus important que la vie d'un être sentient. Après tout la bible indique clairement que les animaux sont là à disposition des humains.
J'imagine que certains autres prennent cette voie par facilité rhétorique. Ils ont compris que le véganisme avait des bases solides pour réclamer justice, et s'ils veulent conserver leur steak, la seule sortie possible est d'assumer la violence. J'ai déjà vu des discussions partir d'une morale courante avec l'amour des animaux et finir en posture morale des plus perturbantes, considérant comme normal de faire ce qu'on veut avec les animaux.
Pour ceux qui ne connaissent pas, vegansidekick[11] partagent des discussions réelles où l'on peut observer le glissement.
En tout cas, assumer la violence est une position cohérente, il n'y a pas vraiment de débat dès qu'on en arrive là. C'est pour ça que c'est une posture efficace si vous voulez être tranquille. Bon, après, on ne peut plus trop se dire l'ami des animaux, faut choisir.

Bah... moi je suis neutre.

Le véganisme est la position de neutralité. Rappelons que le véganisme consiste uniquement à lacher le couteau. On peut être végan sans se battre pour le droit des animaux. On peut être végan et détester les animaux même, c'est juste qu'on refuse de les tuer pour des raisons aussi futiles qu'un plaisir gustatif.
Continuer de consommer des produits animaux n'est pas une position neutre, c'est financer un système en faveur de la mort des animaux. La neutralité consiste à ne pas intervenir, en faveur et en défaveur. Donc à priori ce qu'une personne veut dire par là, c'est "le statut quo me convient", ce n'est pas de la neutralité, puisque le statut en question est clairement en défaveur des animaux.

Bah... je veux juste qu'on me laisse tranquille.

Je compatis vraiment avec le sentiment d'agression. Il faut se mettre à la place d'un carniste qui apprend qu'il a des comportements aussi violents que tous ceux qu'il a condamné en s'estimant l'ami des animaux. C'est très difficile à encaisser. J'ai vu des commentaires outrés sur la violence de propos qui ne faisait que rappeler des faits bruts. Je ne parle pas du discours viol/meurtre/vol/assassinat qui mérite des explications, je parle de messages simples qui rappellent la violence qu'entraîne la consommation de produits animaux. C'est très mal pris.
Mais pour le coup cette violence des mots est une violence nécessaire et salvatrice, elle permet de remettre les choses à l'endroit en corrigeant ce que notre éducation carniste a biaisé.
Il faut prendre le temps d'expliquer que les végans veulent prendre la défense des innocents tués, et que les consommateurs responsable ne seront laissés tranquilles que lorsque les animaux seront laissés tranquilles.

Un monde meilleur, mais avec un jambon beurre

Certains pensent qu'il est possible de concevoir et mettre en place un système d'élevage juste, équitable et écologique, et refuse le véganisme, trop extrême.

La ferme parfaite

Imaginons une ferme où les animaux ont tout l'espace qu'ils veulent à disposition. Ils sont très bien traités, disposent de la meilleur nourriture, vivent bien plus vieux qu'actuellement, peuvent avoir des relations sociales avec leurs congénères, des relations sexuelles. Ils sont protégés des prédateurs, nourris, logés, blanchis avec une bonne mutuelle et des massages.
Lorsque vient le moment de leur mort, on les tue, dans un espace dédié et apaisant, en les plongeant dans un sommeil sans retour.
On ne peut pas faire mieux pour produire de la viande, on est au top.
Dans ce cas de figure il est tout à fait possible que si les animaux pouvaient choisir cette vie, ou retourner dans la violence de la nature, ils choisiraient probablement de rester dans ce paradis, temporaire certes, mais idéal. De toute façon l'espérance de vie dans la nature hein...
Donc on est bon, on a le constentement.
Alors peut être, mais il reste une petite épine éthique.
Parce que cette proposition de ferme parfaite n'est intéressante que comparée à une vie de violence dans la nature sauvage. En soit elle est terrible. Et pour s'en rendre compte, il faut imaginer que l'on propose ça aux humains.
Dans les parties du monde où l'on se rapproche d'une vie de violence naturelle, je suis certain que des humains pourrait choisir la vie dans cette ferme idéale, quitte à mourir à 50 ans, s'ils sont sûr de vivre dans le loisir, le soleil, la nourriture à profusion, l'air frai, les amis, les jeux et le vin.
Vous allez voir les enfants qui doivent trainer dans les décharges à ciel ouvert, ou les ouvriers sans passeport du Quatar, et vous leur proposez cette ferme. Y'en a qui vont accepter, c'est certain.

On ne viendrait pas de rendre possible le meurtre consenti, dont certaines personnes riches pourraient profiter? C'est d'ailleurs le thème des fictions où la mort peut être vendu, ce n'est possible qu'avec des conditions de vie horribles.
On peut aussi prendre des extra-terrestres si vous préférez pousser le vice jusqu'à servir des mets de choix à base d'humains.
Ce qui gêne ici pour des humains, devrait gêner pour des animaux.
On a beau pousser les curseurs du bien être à fond, il y a toujours un problème éthique inhérent à l'exploitation animale, surtout que le but se limite au plaisir gustatif.
Et encore, là, on parle d'une ferme parfaite, qui n'existe pas. Donc militer pour ce résultat, bien, mais y t-il boycott des produits qui ne viendrait pas de ce genre d'endroit? Comment distinguer l'excuse du militantisme sincère? Si quelqu'un veut vraiment aller vers ce système, il doit commencer par boycotter tous les produits vendus, et il se retrouve dans la même position qu'un végan dans notre société.

Le respect des animaux

L'idée d'un élevage idéal tourne autour du respect de l'animal. Pour reprendre une image, ce serait comme mettre à mort l'animal comme le ferait le natif d'amérique des temps passé, en le remerciant de mourir pour nourrir les humains, en versant une larme.
Cette notion de respect pose de gros problème, parce qu'on est obligé de le restreindre à la partie où l'on ne lui fait pas de mal, dans l'exploitation.
Je m'explique : si on pratique l'élevage pour la viande, à un moment donné il faudra tuer l'animal. Si l'animal ne veut pas mourir, et qu'il n'y a aucune raison de le tuer dans son intérêt (souffrance de maladie ou de blessure), alors il est impossible d'allié respect et mort. Si à ce moment précis on le respecte, on ne le tue pas.
Il en va de même pour le lait ou les oeufs. Au moment où on prend quelque chose qui ne nous appartient pas, on ne peut pas respecter le propriétaire.
Ou alors il faut que l'on parle de la définition du respect. Il me semble que le respect c'est lorsque l'on est capable de sacrifier son intérêt pour l'être respecté. Je respecte les anciens, je leur cède la place dans le bus.
Imaginez un patron qui traite correctement ses employés, leur laisse utiliser une salle de jeu, etc. Mais lorsqu'arrive 17h, ils les oblige à rester, à travailler jusqu'à minuit parce la nécessité des bénéfices de l'entreprise l'exige. Est-ce qu'on accepterait qu'il puisse dire qu'il respecte ses employés parce que dans les moments qu'il choisit, il les traite correctement?
Il faut prendre l'ensemble de la relation pour juger. A partir du moment où l'on tue et l'on exploite, on peut difficilement parler de respect, même si on leur fait des massages, et qu'on leur donne de la nourriture cinq étoiles.
Si le natif respectait vraiment l'animal et qu'il avait la possibilité de manger des légumes à la place, et bien il ne tuerait pas l'animal, tout simplement.
Il faut réfuter l'usage moderne de ces mots de respect ou d'amour, qui n'ont rien à faire dans une exploitation et qui sont le produit d'une propagande industrielle dans une société qui refuse de plus en plus la violence. Le discours de respect et d'amour n'existe aujourd'hui que pour aider le consommateur à surmonter son aversion pour la violence, rien d'autre.

Les pratiques incompréssibles

On va passer en revu les pratiques de base des fermes artisanales, et tout militant de la ferme parfaite est libre de voir avec lui même quelles sont les pratiques qu'il est prêt à faire interdire aux éleveurs. Je répète : ces pratiques se retrouvent aussi sur dans les fermes familiales ou artisanales.
* La rentabilité : dès qu'un animal n'est pas rentable, il est tué. On tue les poussins mâles, on tue les veaux mâles, on tue les cohonnets nés trop tard et qui n'atteindront probablement pas le poids utile. Tout animal qui n'atteint pas un certain niveau de rentabilité est tué (voir par exemple la notion de vache de réforme).
* La mutilation : amputation du bec, castration du taureau, marquage au fer rouge, coupage de cornes, etc. Sans anesthésie, vous vous doutez bien.
* Grossesse forcée : Là, bonne chance pour le faire interdire si vous voulez conserver une production. Pour la reproduction, on utilise un appareil de maintient. Pour inséminer une vache on enfonce le bras dans l'anus puis la pipette dans le vagin. Il y a aussi la reproduction naturelle contrôlée par le maître.
* Privation maternelle : Les enfants appartiennent à quelqu'un d'autre. Les poules ne verront jamais leurs enfants.
* Le mors : sur les chèvres, pour empêcher de téter.
* Direction l'abattoir : avec le transport qui est une véritable torture. Il est possible de tuer à la ferme, mais pas d'en commercialiser le produit, pour des raisons d'hygiène.

Les conséquences de la ferme parfaite

En admettant que l'on s'approche du fantasme de la ferme parfaite, et oui il y a certainement des toute petites productions qui le font déjà dans les grandes lignes, on aura quand même un problème. Le principe de l'industrie, c'est de rationaliser les couts de production (dans le cadre de l'élevage au détriement des animaux). Ce qui veut dire plus pour moins cher. Plus on ira vers la ferme idéale, et plus ces produits vont couter cher, et ils sont déjà subventionnés. Nous allons créer un produit de luxe.
Alors voilà, la conséquence directe de cette évolution, ce sont des villes où les gens mangent principalement végétalien. On pourra avoir un saucisson le dimanche, ou lors des fêtes, les gens des campagnes auront un accès plus facile à ces produits, mais il faudra de toute façon apprendre à manger végétalien. Donc, pour qu'un tel projet soit viable à grande échelle, il faut que tous les militants de la ferme idéale militent en même temps pour le développement de la culture végétale, c'est indissociable.

Contre-attaque !

Certains des arguments ici vont fichtrement ressembler à des hommes de paille[12]. C'est l'énoncé d'une posture bancale malhonnête, pour la réfuter avec facilité. Mais je vous promet que j'ai vu de mes yeux vu chacun de ces points, à plusieurs reprises. Oui, certains paraissent vraiment absurde, mais il ne faut pas oublier que l'on parle d'une culture carniste bien ancrée qui n'est pas remise en question. L'agression du véganisme à l'encontre de la personne, par leur alimentation, provoque un réflexe défensif capable de sortir n'importe quoi. Je l'ai vécu, je ne me souviens pas exactement de ce que j'ai pu dire, mais c'est certain j'ai moi même utilisé certains de ces points.

Et l'extrêmisme végan?

Le véganisme est extrême. Et c'est vrai. Si l'on prend le segment des restrictions alimentaires, avec d'un côté ceux qui bouffent tout (chien, serpent, duriant), et de l'autre les régimes les plus restrictifs (carnivorisme, crudivorisme, etc.) le véganisme est bien sur le côté. Encore que, on ne consomme pas tant d'espèce animale que ça, ce sont toujours les même, avec des assaisonements différents, alors qu'il y a pléthore de plantes. Mais en terme de plats culturellement connu, sans les produits animaux il ne reste pas grand chose.
Donc ok, actons que le véganisme se trouve à un extrême des plats consommables d'une société, puisque c'est ça l'idée.
Quel est le problème?
Serait-ce que le mot "extrémiste" ait une charge négative? Parce que l'extrême n'est pas forcément une mauvaise chose. Dans la violence éducative par exemple, c'est mieux de se situer à l'un des extrêmes, c'est à dire le 0 violence. Ce serait une erreur logique[13] d'imaginer que le milieu serait forcément mieux.

Et l'usage des mots viol, meutre, vraiment?

Le plus perturbant dans le discours végan c'est très clairement le lexique anthropomorphique employé : assassinat, meurtre, viol, esclavage, holocauste. On ne devrait pas employer ces termes lourds de sens pour des animaux, utiliser le mot "viol" pour l'insémination artificielle des vaches c'est insultant pour les femmes victimes de viol.
Reprenons à la base: l'usage d'un mot sert à exprimer un concept dans un échange d'idées. Et l'humain n'a jamais pris la peine de créer du vocabulaire pour les animaux, parce qu'il n'en a jamais eu besoin. Il n'a jamais eu besoin de caractériser un viol dans le monde animal, donc il n'y a jamais eu de mot pour évoquer la sexualité forcée dans le monde animal.
Quand une affaire sordide de zoophilie sort dans les journaux, les articles parlent de viol. Et c'est logique, si l'on souhaite parler du concept d'acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, par violence, contrainte, menace ou surprise, on a un mot pour ça : "le viol". Même s'il est essentiellement utilisé par les humains pour désigner des victimes humaines, si on a besoin d'évoquer le concept pour une autre créature sentiente qui souffre d'un tel acte, on utilise ce terme. On n'a que ce mot là. Donc bien que la perception de l'acte puisse être différente selon la victime, il décrit bien l'acte.
On peut prendre l'exemple de l'humain qui impose un rapport sexuel à un dauphin. Viol ou pas viol? Quand le dauphin l'impose à l'humain? Quand le dauphin l'impose à un autre dauphin? C'est compliqué de discuter de ces choses sans avoir le droit d'utiliser le mot "viol" dès qu'une victime n'est pas humaine. Alors d'accord, pour un éleveur, c'est pénible d'entendre le terme "viol" pour une insémination artificielle, parce que le viol est émotionnellement chargé de la lubricité fautive du violeur, mais à nouveau, techniquement parlant, si un docteur se mettait à inséminer des femmes sans leur consentement, nous pourrions juridiquement caractériser un viol. Ce serait le terme approprié.
Pour ce qui est du "meurtre", c'est la notion de volonté de donner la mort. Et l'assassinat la notion de préméditation. Ce sont des notions importantes en justice humaine pour aggraver l'acte, et c'est aussi le cas pour les animaux d'élevage, parce qu'on ne veut pas parler de la mort de ces animaux comme s'il s'agissait d'accidents. L'humain a créé tout un système de mort à la chaîne, on est à l'opposé de la mort par accident, on ne peut pas se contenter du mot trop imprécis de "tuer". Et c'est d'ailleurs pour cette raison que l'on peut aussi entendre le reproche de la mort d'animaux des champs lors de récoltes de végétaux: on n'a jamais utilisé autre chose que "mort" et "tuer" dans l'élevage, le même mot que l'on utilise pour des morts accidentelles ou involontaires (voir le chapitre Et la culture de plantes qui tue les souris des champs?). Nous pensons avec les mots. Pas de mots pour représenter ces concepts = impossibilité de les concevoir.
Pour l'esclavage le terme est extrêmement chargé par notre histoire. Dans nos culture l'esclavage c'est essentiellement la traite négrière. Comme l'esclavage a été aboli, il est impossible pour une société humaine de considérer l'élevage comme de l'esclavage sans être obligé d'y mettre fin. Pourtant, comme pour les autres, le terme regroupe des notions utiles pour désigner ce qui se passe, à savoir un titre propriété, une exploitation forcé et des droits fondamentaux niés à la victime.
Pour l'holocauste, il y a un petit problème. Etymologiquement, il s'agit d'un sacrifice par le feu, le but est d'exterminer, de mettre fin. Ce qui n'est pas le cas de l'élevage. On peut considérer que l'élevage est pire par le côté répétitif, mais la nuance dans la volonté d'anéantir me paraît assez importante pour ne pas utiliser ce terme. Massacre de masse va très bien.
On peut décider que ces mots doivent être réservé aux humains, on a bien fait la distinction entre sein et mammelle, alors que fondamentalement il n'y a aucune différence, après tout l'humain a toujours voulu se distinguer des autres animaux. Mais du coup nous n'avons pas de mot pour désigner cette relation de domination, et c'est dommage, parce que l'absence d'un mot qui décrit ce qui se passe, c'est la meilleur façon de ne pas pouvoir le penser et en parler.
Si l'on veut vraiment réserver ces mots aux humains, faisons une expérience de pensée et mettons des extra-terrestre humanoïdes de série B dans l'équation. Si eux nous mettent des chaines et nous vendent sur un marché du travail, d'engraissement ou de reproduction, on parlera d'esclavage. Quid de la réciproque? Si l'on peut réduire en esclavage de telles créatures, c'est que ce n'est pas réservé aux humains, il faut étendre la définition, on sera alors obligé de trouver un point commun par rapport aux dégâts d'une telle condition, et ce sera... la sentience.
Ce qui n'empêche absolument pas d'être d'accord sur une différence de réception de ces actes par la victime. On peut tout à fait considérer qu'une femme humaine souffre plus d'un viol qu'une vache, tout en utilisant le terme de ce qui arrive pour les vaches, aussi. De la même manière que le niveau de souffrance n'est pas le même pour tous les animaux, mais qu'on utilise le même mot d'affliction de douleur.

Et les casseurs végans?

Condamnons le véganisme car le véganisme pousse à la violence, regardez ces gens qui vont casser des vitrines de boucherie[14].
C'est indéniable, il y a des militants qui utilisent la violence pour arriver à leur fin. Comme dans toutes les causes.
Déjà, passons outre la distinction végan/abolitionniste et considérons l'ensemble comme un groupe.
Contrairement à d'autres idéologies - comme des religions par exemple - vous ne trouverez nulle part dans la philosophie végane une quelconque forme de violence, au contraire. Si violence il y a, c'est le choix stratégique d'un militant, on ne peut en aucun cas mettre cette violence sur le compte du véganisme.
Tout comme si une activiste se réclamant du féminisme tuait des hommes au nom du féminisme, on ne pourrait pas mettre cette violence sur le compte du féminisme.

Et les végans sur une île déserte?

L'idée derrière cette objection très répendue, c'est de dire qu'un végan va tuer s'il se retrouve seul sur une île déserte en présence d'un cochon. Que le végan serait donc un hypocrite.
Et c'est vrai. Que le végan va tuer. Parce que c'est une question de nécessité. Bon, j'en connais qui en seraient incapable car après des années à manger du tofu, on ne peut plus tenir un couteau. Mais sur le principe, le cochon finit en lardons.
Pour comprendre en quoi ce n'est pas du tout un problème, et que le véganisme n'empêche pas de tuer, voir le chapitre L'état de nécessité.

Et les végans qui tuent marchent sur des fourmis?

L'idée c'est de montrer que le végan tue, donc qu'il ne peut pas reprocher de tuer sans être hypocrite.
Et bah si il peut, parce que organiser un meurtre n'a rien à voir avec une mort accidentelle. La personne qui a tué par accident peut faire la leçon de moral à la personne qui tue volontairement.
C'est le même niveau qu'un ultra-riche qui pollue autant que certains pays réponde qu'on ne peut pas lui reprocher de polluer puisque nous aussi on pollue en jetant une peau de banane par terre. Tant la nature que la quantité n'ont rien à voir.

Et la faiblesse des véganes?

Les végans ne peuvent pas faire de muscle, c'est bien connu. Et pourtant on peut faire du sport de très haut niveau avec un régime végane[15]. Attention à ne pas aller jusqu'à dire qu'un régime végan va améliorer les performances, car il est possible d'atteindre tout le potentiel athlétique avec, ou sans produits animaux.

Et la culture de plantes qui tue les souris des champs?

C'est l'idée selon laquelle les moissoneuses batteuses tueraient des tas d'animaux : souris, serpents, oisillons. J'ai fait une poignée de travaux dans les champs, je n'ai jamais vu la moindre trace de sang, mais ce n'est pas une idée absurde, il doit y avoir des victimes.
Ce serait intéressant de creuser le sujet, ce que je n'ai pas fait (encore), donc partons du principe que c'est vrai: nous tuons des animaux en récoltant les plantes.
La réponse rejoint l'idée des fourmis ci-dessus.
D'abord, il faut des plantes pour nourrir les animaux d'élevage, d'après mes calculs il faut 3,6 calories de plantes pour produire 1 calorie de viande (voir le chapitre Les surface agricoles). Donc, c'est toujours bien de réduire les morts en passant végan.
Mais surtout vous avez un cas concret du problème soulevé par l'absence de mot pour désigner notre comportement face aux animaux. Le refus outré d'utiliser le mot "meurtre" pour l'élevage, c'est à dire tuer avec la volonté de tuer, nous empêcher de voir la réalité de ce qui se passe, et ensuite, un défenseur de l'élevage va, au calme, comparer les morts dans l'élevage avec des morts involontaires dans les champs, comme si ces morts étaient au même niveau éthique.
Ce ne sont pas les même morts, on ne peut pas mettre éthiquement sur un pied d'égalité une mort programmée et une mort involontaire, tout comme il ne nous viendrait pas à l'idée de considérer de la même manière un meurtre et un accident. Le végan est ok pour trouver une solution, modifier notre façon de cultiver pour mettre le compteur des morts à 0. Ce n'est pas possible pour les produits animaux.

Et le lion doit devenir végan alors?

Pour être honnête, un monde sans prédation serait un monde meilleur, il a déconné dieu sur ce coup là. Mais l'idée derrière cette objection c'est que forcer les humains à arrêter la viande devrait amener logiquement à forcer les lions à arrêter la viande aussi. Donc à tuer les lions.
Même principe avec les tribus humaines en milieu hostile, Yanomami ou Inouits.
C'est le genre d'argument qui paraît génial quand il pope dans la tête.
Mais c'est bien entendu totalement absurde, parce que le lion, ou les tribus, peuvent justifier leur violence par la nécessité. Voir le chapitre L'état de nécessité. L'humain lui est motivé par le plaisir gustatif, la violence est plus délicate à justifier. Voir le chapitre L'éthique végane appliquée aux produits animaux.

Et le cri de la carotte

Difficile de passer à côté de ce classique, l'idée est d'affirmer que les plantes souffrent, et qu'il revient donc au même de tuer des vaches ou du blé pour se nourrir.
Donc on va être clair : les plantes ne souffrent pas. C'est la science qui le dit. Alors vous me direz qu'en science on ne peut être sûr de rien. Ce à quoi je vous répondrais : est-ce qu'il faut mettre les licornes, les dragons et les fées dans notre liste biologique scientifique d'espèces terriennes parce qu'on ne peut pas être sûr que ces bestioles n'existent pas? C'est la même logique. A un moment donné il faut déterminer ce que l'on sait.
La science a cherché les licornes, elle a débunqué des tentatives d'escroqueries, et elle n'a rien trouvé. En science on dit "on n'a pas trouvé", ce que l'on traduit en langage courant par "les licornes n'existent pas". Et on met les licornes dans les mythes, pas dans notre savoir.
C'est exactement pareil avec la sentience des plantes : la science a cherché, elle n'a pas trouvé, elle a débunké des tentatives d'escroqueries (voir l'expérience de Backster et son protocol fait avec les pieds pour ceux que ça intéresse). Conclusion scientifique : "on n'a pas trouvé de sentience chez les plantes", traduction : "les plantes ne sont pas sentientes".
Oui, les plantes communiquent entre elles, oui les plantes ont des réactions extraordinaires à leur environnement, tout ce que vous voudrez, mais ça n'a rien à voir avec la sentience. Tout ce que font les plantes, on peut le faire avec des machines, ça ne démontre pas la sentience.

Et le dogme des végans zélotes?

L'idée c'est de mettre le véganisme avec des idéologies historiquement intransigeantes, fermées, prosélytes, voir violentes, dangereuses. Mais c'est aussi absurde que de considérer le féminisme comme un nid à zélotes.
la notion de dogme fait référence à un set d'idées inamovibles, par définition. Or, si le véganisme est bien une posture morale, elle se base sur des faits scientifiques (la démonstration de qui est sentients) et la logique. L'idéologie végane peut évoluer avec la science.
Du coup, c'est juste une idéologie qui déplaît que l'on essaie de salir[16].

Et la pollution des avocats du bout du monde?

Cette idée écologique consiste à dire que la transport des avocats depuis l'autre bout du monde serait plus polluante que la viande locale, et que, par conséquence l'accusation de pollution écologique de la viande serait erronée.
Cette idée vient simplement d'un manque d'informations sur le sujet, et il faut le dire c'est assez contre-intuitif. En effet, le transport compte pour très peu dans la pollution globale du produit. Dit autrement et en exagérant, des avocats qui font trois fois le tour du monde pollueront moins qu'un steak d'une vache du jardin, aussi bizarre que cela puisse paraître. Voir le chapitre La pollution

Et la pauvreté du régime végan?

Si vous mangez du tofu cru, si vous ne mettez pas de sel, d'épices d'aucune sorte, oui, c'est sûr, c'est fade. Comme le pain, ou la pomme de terre. Ou même du steak. Je suis au Vietnam, ici le tofu c'est un peu un truc qui apparaît partout, et c'est excellent. Que ce soient des blocs grillés, ou en simple composant d'une soupe parmi d'autres ingrédients.
Il y a pléthore de recette véganes sur Internet.

Et le soja qui detruit l'Amazonie?

L'idée est ici que la consommation végane augmenterait la demande de soja, et que ce soja serait la cause de la déforestation en amérique du sud.
C'est tout l'inverse en fait. Le soja qui est planté suite à la déforestation en amérique latine va aux animaux d'élevage[17].

Et la B12 alors?

Il est difficile de cerner le problème exacte derrière cette revendication, mais j'ai cru comprendre qu'un régime qui nécessiterait des compléments ne serait pas valide, en quelque sorte. En tout cas il ne faudrait pas le suivre.
Pourquoi? Mystère, je n'ai jamais de réponse quand je demande quel est le problème exactement. J'imagine que le complément vendu en pharmacie est affilié au médicament, donc que le régime qui nécessite un complément est affilié à une maladie, quelque chose qui n'est pas sain, soit que le complément n'est pas naturel, la pilule, symbole de l'artifice en matière de nutrition, comme on le voit dans beaucoup de fictions.
Regardons tout ça de plus près. La notion de complément n'est qu'une étiquette. La B12, on la produit avec des bactéries, comme le yahourt. On la compacte, on la vend et on la mange, comme absolument tous les produits que l'on produit, y compris une saucisse.
On met déjà de l'iode dans le sel pour complémenter tout le monde, ça n'a pas l'air de gêner, donc j'imagine que si l'on met la B12 dans le sel aussi, ça ira?
Quelle différence entre prendre une pillule de B12 pour avoir de la B12, et prendre du lait pour avoir du calcium? Est-ce que le lait est considéré comme complément dans ce cas là?

Et le calcium alors?

Ou l'idée selon laquelle on ne trouverait du calcium que dans le lait. D'après la pub. Bien sûr on peut trouver du calcium dans d'autres produits, mais on ne va pas se mentier les produits laitiers (fromage, yahourt) restent une source excellente de calcium. On peut en trouver dans: les graines, les haricots, les lentilles, les amandes et toutes les feuilles vertes.
Le calcium est l'un des éléments auxquels vous allez devoir faire attention dans votre nouvelle façon de manger.

Et les hormones dans le tofu alors?

Juste un autre message jouant sur la peur, il n'y a aucun problème avec le soja ou le tofu. C'est plutôt bien documenté maintenant[18].

Et le militantisme violent des végans?

C'est l'idée que les végans ont un militantisme trop violent, à dire des choses vraiment pas sympa, comme la viande tue des animaux, et c'est pas sympa. Vraiment. Pas. Sympa.
Bon, c'est gentil ces conseils de militantisme, mais ça va être compliqué de dénoncer des comportements violents en évitant d'expliquer qu'ils sont violents pour ne pas froisser le responsable. Les gens qui achète du lait (ou de la crème, ou des patisseries...) donne des sous pour tuer des bébés animaux. C'est juste un fait. On ne peut pas éviter de le rappeler si l'on veut que ça s'arrête.
Mais surtout, si vraiment à un moment donné, un végan vous fait du mal à vous rappelant que tuez sans nécessité, n'hésitez pas à le rapporter grâce au document suivant.

Et tu te crois meilleur que moi?

Oui.


D'accord, je développe. Il n'y a rien d'extraordinaire à ça. Si on change de posture morale, c'est qu'on la juge meilleure que l'ancienne, sinon on ne l'adopterait pas. Et on se considère forcément comme meilleur que quelqu'un qui serait resté sur notre ancienne posture. Du moins dans ce domaine. Si vous considérez que la violence éducative n'est pas une bonne chose, vous allez travailler sur vous même pour ne plus utiliser la violence dans l'éducation d'enfants. Nécessairement vous aller vous considérer comme meilleur, en matière d'éducation, qu'une personne qui utiliserait la violence.
En terme d'éthique animale, je me considère comme supérieur à toute personne non végane. C'est simplement logique.

Et la dictature végan?

Les végans veulent imposer leur point de vue, interdire la viande. C'est inadmissible.
Là dessus, comment dire... c'est un peu le principe de la loi d'interdire des trucs. Toutes les causes ont cette objectif. Les militants anti-tabac ont poussés le pouvoir politique à écrire des lois pour l'interdire dans l'avion et les endroits clos. C'est le principe de base. Et oui, c'est bien le cas: le véganisme abolitionniste a bien objectif d'interdire la consommation de viande.
Enfin, soyons précis, ce n'est pas manger la viande qui pose problème, c'est de tuer l'animal. Je rappelle qu'en France, il y a loi de protection canine qui interdire de tuer des chiens pour les manger, mais on peut quand même manger la viande.
L'abolitionniste végan veut étendre cette protection à tous les animaux, en fait retirer les exceptions d'élevage, de tradition et de chasse. La loi est déjà là (Le droit animal en France).
C'est pareil avec le véganisme, manger de la viande n'est pas problème. Voir le chapitre L'éthique végane. Probablement que la consommation de produits animaux fera comme le tabac. Ce ne sera pas interdit, ça tombera juste en désuétude.

Et le prix des produits végans?

Le véganisme prône de ne pas financer l'exploitation animale. Vous avez tous les légumes, les céréales, les noix, les épices, les aromates et les fruits. C'est la viande qui coûte cher. Ou alors si vous prenez de la viande premier prix, en terme sanitaire vous prenez des risques. A qualité égale la viande coûte plus chère que des légumes. Alors, oui, vous avez des produits transformés végans qui coûtent chers, parce que c'est nouveau, mais rien ne vous oblige à les prendre.
Effectivement le lait de vache coûte moins cher que le lait végétal (ici au Vietnam le lait de soja est au coude à coude avec le lait de vache). Mais il y a aussi des notions de subventions à prendre en compte. Le vétitable cout du lait et de la viande n'est pas celui que nous payons, il ne faut pas l'oublier.

Et la ruine de tout un secteur?

L'idée selon laquelle le véganisme ruinerait nos éleveurs. Chômage et pauvreté à la clé.
Alors, oui, mais ce n'est pas un mouvement soudain, un véganisme qui gagnerait en puissance ne se ferait pas une nuit. On parle plus de ne pas remplacer des éleveurs qui arrivent à la retraite, que d'éleveur qui sont ruinés faute de débouchés. La progression du véganisme est trop lente pour être accusé de quoi que ce soit à ce niveau économique.
Mais admettons.
Il est important de rappeler que le marché du travail est au service de la société, et non l'inverse. Ce n'est pas à la société de s'adapter pour conserver des métiers, ce serait absurde. Lorsque les villes sont passés à l'éclairage électrique, on n'a pas conservé les allumeurs de lampadaires à gaz.
Bien sûr, on peut aider les éleveurs à changer de métier.

Et la coupure avec les animaux?

L'idée selon laquelle le véganisme, par son idéologie, ferait en sorte que l'humain se coupe des animaux, de la nature.
Et bien je pense exactement le contraire. L'idée du véganisme c'est de reprendre en considération les intérêts des animaux que l'on a catégorisé comme nourriture.
Nous avons beaucoup de considération pour le loup, l'ours, le tigre, l'éléphant, etc. il s'agit maintenant de considérer vaches, cochons et poules de la même manière, de les voir pour ce qu'ils sont et non plus comme de produits.
Notre relation de domination dans l'élevage est toxique à tous les niveaux, elle nous apprend à considérer l'animal comme une ressource.
Alors oui, un monde végan implique que l'on ne pourrait plus taper le cul d'une vache dans un salon, il faudra l'observer de loin, comme on le ferait avec des bisons ou des aurochs, mais justement, c'est ça le vrai lien avec la nature, pas un animal soumis dans une prison. L'on ne pourra plus monter sur un cheval, il faudra les regarder courir dans les grandes étendues redevenues sauvages. Il s'agit de les respecter vraiment, et ça va changer toute notre grille de lecture du monde.

Et les humains alors?

L'idée que toute l'énergie que l'on dépense pour le droit animal, on ne le dépense pas pour l'humain.
Outre le fait que l'on peut faire les deux en même temps, et que le véganisme est un militantisme qui peut se faire tout seul à l'échelle individuelle, le véganisme englobe l'humain. C'est juste que l'humain a déjà ses droits fondamentaux reconnus. Mais évidemment qu'un t-shirt fabriqué par des enfants esclaves n'est pas végan.
Par ailleurs l'idée végane aura un impacte important sur le bien être humain. Il ne faut pas croire que cette idée de l'animal objet dont on peut disposer comme on veut n'a aucun impacte sur notre vision du monde. Un homme qui considère comme normal de dominer un animal, acceptera plus facilement d'être dominé à son tour.
L'expression "être traité comme un animal" ne sort pas de nulle part. Justement, si nous apprenons à considérer les animaux avec respect - le vrai j'entends - les relations entre humains seront plus respectueuses. Dans une guerre par exemple, l'objectif est toujours d'animaliser l'ennemi pour rendre possible des comportements violents et horribles. Dans un monde végan ça n'aurait plus de sens.

Et que va t-on faire des animaux alors?

En effet, si l'on devient tous végans, on se retrouve avec des milliards d'animaux dont on ne sait pas quoi faire.
Bien entendu c'est un faux problème. Leur nombre vient avant tout du système de reproduction que nous mettons en place. Le changement ne peut pas être soudain, donc au fur et à mesure que la demande en produits animaux diminue, on fera moins se reproduire les animaux.

Et que vont devenir les espèces d'élevage?

Elles vont disparaître, et ça ne pose aucun problème. Si nous créons un rat mutant capable de faire du kung fu afin d'entraîner des tortues mutantes pour devenir des ninjas, et qu'on finit par stopper leur reproduction, ça ne pose aucun problème. Ce sont des créatures artificielles.
Les espèces disparaissent tout le temps, par évolution ou par extinction. Si dans la nature, ça pose un problème, c'est parce que l'homme fout le boxon, que des espèces disparaissent par sa faute, brisant un équilibre fragile, qui détruit tout l'environnement. Là oui, d'accord, c'est problématique. Mais pas dans le cadre de l'élevage, avec des espèces totalement artificielles.
Mais surtout, ces espèces pourraient très bien évoluer pour redevenir sauvages, voir le chapitre Nos nouveaux compagnons.

Et pourquoi faire des plats qui ressembent?

C'est vrai que si les végans qui détestent la viande, on se demande pourquoi ils recopient tous les plats de viande.
Bon bah tout d'abord les végans ne detestent pas la viande. Moi j'adore le lard, j'ai grandi avec. Ce n'est pas parce que j'ai arrêté d'en manger pour des raisons éthiques que je n'aime plus. J'ai hate de gouter cette algue qui aurait, paraît-il, le goût de bacon. Et si un industriel me propose une tranche de lard végétale, je vais la prendre.
Ensuite, ces plats ne ciblent pas que les végans, ce serait stupide. Les végans sont très peu nombreux. Par contre, les non végans qui écoutent leur conscience, ceux qui savent que le véganisme a raison, mais qui réchignent à changer leurs habitudes complètement, ceux là sont hyper nombreux. C'est grâce à eux que les produits végans sont un succès. Et pour eux, c'est le produit idéal.

Et pourquoi reprendre le terme saucisse?

C'est vrai que les produits végans s'appellent saucisse, steak, lait, etc. mais on peut aller jusqu'au sacrilège en reprennant des noms de plats végétalisés, comme le couscous, les oeufs à la neige ou la sauce bolognaise. Là c'est certain, des chefs cuistots sont tombés dans les pommes. Pourquoi ne pas inventer des mots?
La réponse simple est : pourquoi faire?
On va parler un peu de linguistique. Les gens utilisent des mots, et ils font ce qu'ils veulent avec ces mots. Le terme "viande" à l'origine désignait tout ce qu'on mange, y compris les plantes, et les gens l'ont ensuite utilisé pour désigner les morceaux de cadavre. Vous pouvez aussi regarder à quoi ressemble le couscous à l'origine, il n'a rien à voir avec ce qu'on mange en France, et les puristes ne se gênent pas pour critiquer.
Tout ça pour dire que le terme saucisse, ou steak, ou fromage, sont des mots, donc des outils, utilisés pour désigner la fonction d'un produit, bien plus que sa composition, dans l'usage des gens. Le fromage c'est la pâte salé que l'on mange avant le dessert, la saucisse c'est le truc que l'on met dans le hot dog. Peu importe de quoi ils sont composés. On appelle bien le chocolat blanc du chocolat, parce qu'il a la même fonction que le chocolat, alors que ce n'est pas du chocolat.
Donc il n'y a rien de plus normal que d'utiliser ces mots, on n'a absolument pas besoin d'en inventer de nouveaux. La définition changera et prendra en compte ces changements, comme ça arrive tout le temps avec les langues.

Et les additifs dans les produits végans?

Ou l'idée selon laquelle les produits végan seraient bourrés d'ingrédients dangereux pour tenter en vain de copier les produits carnés.
C'est bien possible, alors après on peut regarder produit par produit, mais y'a aucun raison que ces produits industriels soient plus mauvais que les produits industriels non végans. Et en parlant de produits végans, il est toujours bon de rappeler que les légumes, les fruits, etc. sont végans, à priori.

Et ton canapé en cuir, il est végan?

C'est l'idée que les végans condamnent l'achat de produits animaux mais qu'ils seraient plus souples avec les produits qu'ils possèdent.
Cela vient d'une mauvaise compréhension du véganisme. Le véganisme ne demande pas de jeter ses chaussures et son canapé quand on devient végan, parce que les conserver ou non n'aura pas d'impacte sur les animaux. Il ne faut plus en acheter, mais il faut bien entendu conserver ce qu'on a déjà.

Et vos animaux de compagnie?

Les animaux de compagnie ne sont pas végans. Mais on va approfondir parce qu'il existe des cas en zone grise.
Acheter des animaux de compagnie, c'est sûr que ce n'est pas végan, c'est de l'exploitation, du commerce, et le but de l'abolitionnisme est justement de ne plus considérer ces créatures comme des biens marchands.
Mais qu'en est-il du don? Et bien il faut peser les intérêts de chacun.
Le monde des humains n'est pas fait pour les animaux. Leur liberté sera forcément très restreinte, les contacts sociaux limités, le droit à la parentalité et à la sexualité contrôlés. C'est compliqué d'imaginer que cette mise sous tutelle soit dans l'intérêt de l'animal.
Mais si l'alternative consiste à tuer l'animal, alors clairement, c'est son intérêt de se placer sous la responsabilité du maître humain, malgré toutes ces contraintes, y compris la castration, une horrible procédure, pourtant nécessaire pour que l'animal puisse être intégré à un environnement qui est hostile à ses instincts.
Donc si l'animal doit être tué, le prendre sous sa protection sera toujours acceptable. Mais il faut éviter de provoquer cette demande, par exemple le scenario où des amis conduiraient une reproduction afin d'offrir un animal (gratuitement). Il faut éviter, parce que le milieu humain n'est pas adapté à ces animaux, et le plaisir de la compagnie ne doit pas être un intérêt supérieur.
Et si possible éviter les prédateurs comme les chats, vu qu'ils provoqueront des morts.
Ce qui n'empêche absolument pas de travailler ses relations avec les animaux, voir le chapitre Nos nouveaux compagnons.

Et les végans repentis?

C'est l'idée que le véganisme serait intenable, et que de nombreux végans redeviendraient omnivores, souvent en cachette.
Et bien vous savez quoi? C'est bien possible. J'ai moi même eu pas mal de problème avec le fromage mes deux premières années de véganisme.
Il ne faut pas oublier que malgré la progression de fond du véganisme, il y a toujours une couche de mode par dessus. Il y a de nombreuses personnes qui deviennent végane par effet de mode, et forcément certaines d'entre elles le regretteront, parce que ce n'est pas si simple socialement, sur le long terme.
On m'a dit à plusieurs reprises que certaines personnes arrêtaient le véganisme pour des raisons de santé, mais je n'ai jamais eu de réponse sur les conditions médicales problématiques. Il me semble que les raisons de santé sont plus une excuse pour reprendre la consommation de produits animaux, parce que la science est très claire sur la viabilité du régime.

La posture végane

L'éthique végane

Par la science, nous savons que les animaux sont sentients. Une base morale commune à la plupart des gens consiste à considérer comme "mal" la souffrance infligée à un animal qui peut la ressentir (sentience), et que c'est "mal" de tuer un être qui ne veut pas mourir (sentience), ou d'atteindre à d'autres droits fondamentaux comme la liberté de mouvement, etc. bref c'est "mal" de leur nuir.
Par un bête calcul conséquentialiste, si un comportement nuit à une créature sentiente, ce n'est pas végan.
C'est une règle simple et pourtant la plupart des gens, végans compris, construisent leur compréhension du véganisme à partir de leur vécu, leur expérience. Aucun végan ne mange de viande, donc le véganisme interdit de manger de la viande. Mais c'est faux. La viande n'est qu'un morceau de cadavre, l'animal est déjà mort, il s'en fiche qu'on le mange, qu'on danse avec ou qu'on lui fasse des obsèques nationales avec tous les honneurs et un jour férié pour que jamais on ne l'oublie. Il est mort. Ce qui compte ce n'est pas "manger la viande" mais "tuer l'animal". Donc un végan devrait pouvoir acheter de la viande parce que l'animal est déjà mort? Non. Parce que l'acte d'achat aura pour conséquence, de revendeur en fournisseur, de faire naître un autre animal qui, lui, souffrira et sera tué. Acheter de produits animaux c'est nourrir un système de mort et de souffrance, ce n'est pas végan. C'est exactement comme un boycott : on apprend que tel entreprise utilise des enfants esclaves pour fabriquer, on est contre l'esclavage des enfants, on arrête d'acheter les t-shirts. Alors que le t-shirt est déjà fabriqué, le mal est déjà fait, mais l'acheter va financer le système qui va en produire d'autres.
Pour cette raison, la viande de laboratoire est végane, tout comme un jambon-beurre trouvé dans une poubelle, ou la viande d'un supermarché dans un monde postapocalyptique zombi, ou une biche qui se fracasse le crâne en tombant devant vous. Manger ces viandes ne va pas nuire aux animaux, elles sont véganes.

L'état de nécessité

Le conséquentialisme végan est forcément tempéré par le contexte autour de l'acteur, à commencer par sa motivation.
C'est exactement le même principe dans la justice humaine : on prend les conséquences d'un acte, par exemple quelqu'un est mort. Puis on aggrave ou on atténue la sentence en fonction des circonstances : légitime défense, accident, négligence, sadisme. Ainsi la mort d'une personne ou d'une autre, peut donner un jugement totalement différent en fonction des motivations de l'auteur. Alors que les conséquences sont exactement les même.
De la même façon un acte peut nuir aux animaux (humains compris), et pour autant être acceptable dans le véganisme. C'est pourquoi on utilise beaucoup l'image de la balance d'intérêts. Le lion tue la gazelle, c'est clairement une nuisance. Mais si le lion ne le fait pas, il meurt. Il se retrouve donc dans un état de nécessité, sa volonté de vivre s'équilibre avec la volonté de vivre de la gazelle. Le comportement est acceptable. Violent, mais acceptable. Il en va de même pour nos ancêtres et toutes les populations humaines qui, aujourd'hui, n'ont pas d'autres choix que de recourir au meutre d'animaux pour survivre. Ces comportements sont acceptables. Ou, devrait-on dire "tolérés", parce qu'on est pas obligé de juste les accepter, on peut aussi chercher des solutions.

Le mal est fait

Exploiter, c'est profiter au détriment de l'autre. Mais ce n'est pas toujours évident de clarifier la limite. Il faut parfois entrer en zone grise.
Si je prélève des cellules de muscle sur un animal, je l'exploite, ça ne lui apporte rien, et c'est pour moi. Avec ces cellules, je fais de la viande.
Même si le geste est questionable, d'un point de vue conséquentialiste, la viande produite va permettre d'éviter la mort et la souffrance de nombreux animaux.
Alors, attention, il faudrait que le geste soit unique, au départ. Si la consommation de cette viande artificielle entraîne d'autres gestes d'exploitation de prélèvement, c'est réellement problématique. Si le prélèvement n'est fait qu'une fois, c'est acceptable.
Le mal est fait, refuser cette viande parce que "il y a eut exploitation par le passé", reviendrait à prendre un chemin qui nous interdirait d'utiliser à près tout. En effet, de nombreuses avancées scientifiques ou technologiques ont exploités des animaux.

Tuer n'est pas jouer

Il est impossible de n'avoir aucun impact sur les animaux qui nous entourent, à moins de considérer le suicide comme une solution. Par le simple fait de vivre, un humain tuera, détruira, nuira de pleins de façons différentes. Le véganisme n'a jamais eu pour ambition d'arriver à l'impacte zéro. Il faut simplement faire au mieux à commencer par les nuisances les plus violentes et celles que nous pouvons éviter, comme par exemple, au hasard, tout un système d'élevage qui tue à la chaîne pour un produit dont nous pouvons nous passer.
Déjà par impératif moral, arrêter les morts que l'on provoque volontairement, ce qui d'un point de vue éthique (et judiciaire) n'a rien à voir avec une mort accidentelle.

La viabilité du régime végan

Le véganisme est parfaitement viable, pour tout le monde, bébé producteur d'engrais, enfant insupportable, adolescent chiant, adulte macroniste, vieux réactionnaires, femme enceinte à fleur de peau, athlète de plumfoot, tout le monde, même les amateurs de Francis Lalane. C'est un consensus scientifique[19] depuis quelques temps maintenant.
C'est plié, les produits animaux ne sont pas nécessaires à une vie en bonne santé. Dire le contraire en connaissance de cause, c'est tenir un discours obscurantiste.
Les plus grandes associations de diététiques du monde reprennent les méta analyses qui le montrent sans l'ombre d'un doute.
De toute façon hein, certains végans en sont à la troisième génération, on a du recul. Si ce n'était pas viable, ils seraient morts.
Attention! Lorsque vous changez de régime il convient de vous informer sur la nouvelle façon de vous nourrir (voir les conseils dans la partie Devenir végan). C'est valable pour tout changement un peu radical, que ce soit pour devenir végan ou lorsque vous changez de pays.

L'éthique végane appliquée aux produits animaux

Les produits animaux étaient nécessaires à une vie en bonne santé, et l'on pouvait justifier la violence infligée aux animaux par cette nécessité. Avec le développement de la science diététique et la synthèse de la B12, les produits animaux ont perdus leur nécessité. Dès lors l'espèce humaine s'est retrouvé avec l'impératif moral de stopper cette violence.
Nous l'avons fait à de nombreuses reprises dans l'histoire. Prenons, par exemple, le mariage forcé. Pendant des siècles, des millénaires, les petits arrangements entre chefs de guerre, puis entre princes et princesses ont permis de maintenir la paix. Ce sacrifice, cette violence sur la liberté de deux personnes, était nécessaire. Une fois que nous sommes entrés dans l'ère des nations, on ne marriait plus des gens pour assurer la paix, le mariage forcé avait perdu sa nécessité, c'est devenu une tradition de vieux pervers. S'est imposé l'impératif moral d'y mettre fin. Et nous l'avons fait.
Aujourd'hui, les gens qui mangent des produits animaux le font par habitude, par goût et par plaisir. Le plaisir gustatif est un plaisir important, presque vital quand on repense à la bouillie que mangent les membres d'équipage du Nebuchadnezzar, mais le véganisme va mettre tout ça sur une balance d'intérêts, à l'instar d'Anubis qui père les coeurs. Et il faut une morale bien spéciale pour qu'un plaisir gustatif pèse aussi lourd que le droit fondamental d'un être sentient.
Oui, la motivation pour consommer de la viande est le plaisir gustatif, et il y a moyen très simple de le montrer. Imaginez un génie qui apporte à chaque repas deux plats sains, équilibrés et goutus. L'un végan et l'autre non. A chaque fois que la personne va prendre le plat non végan, ce sera par goût. Et tout le monde a ce choix, à chaque repas. Si une personne n'est pas végane, elle inflige souffrance et mort pour satisfaire son plaisir. Ce qui est une position extrêmement désagréable pour toute personne se considérant comme l'ami des animaux, ayant condamné les méchantes personnes qui regardent le taureau souffrir pour leur loisir.

La limite de l'impératif moral

Les humains ont un impératif moral de justice de ne pas nuir aux animaux pour des éléments futils. Mais des impératifs moraux, on en a pleins. On pourrait mettre fin à la guerre, la famine, de nombreuses maladies... oui d'accord ce sont des problème à résoudre en société, alors que le véganisme est un acte individuel à la portée de tous. Mais on a aussi des impératifs moraux individuels, comme la pollution en Co2, l'utilisation excessive d'énergie, d'eau, de médicament, de consommation d'alcool, de tabac... la liste est longue de ce que l'on pourrait arrêter individuellement et qui nuit aux autres, ne serait-ce qu'économiquement. Si nous étions raisonables, nous serions des sociétés végétariennes depuis longtemps.
Cet impératif moral ne fait pas du non végan un être infâme tout juste bon pour le peloton d'exécution, mais il existe, il est solide, et y répondre permet de devenir une personne meilleur, comme avec tous les autres impératifs moraux.

La pollution

Le véganisme ne prône pas l'écologie. C'est juste un deuxième effet kiss cool. Comme les végans militants abordent parfois le sujet par ce biais, comme certaines objections concernent l'écologie, on va en parler. Sachez juste que vous pouvez être végan et polluer comme un porc, il n'y a aucune incohérence. Encore qu'un porc, ça ne pollue pas beaucoup finalement.
Le plus important avec le réchauffement climatique, ce sont les gaz à effet de serre, et les vaches rotent beaucoup (ruminent oblige), ce qui produit du méthane. Regardez ce joli graphique, et notez la viande de boeuf absurdement polluante. Notez aussi que le chocolat et le café sont plus polluants que la viande de porc et la viande de poulet. Et oui je prend mon chocolat tous les matins.
En toute franchise, sans même parler de véganisme, d'un point de vue purement écologique, notre société gagnerait à abandonner complètement la viande de boeuf.

On a la polllution de l'air, mais aussi la pollution de l'eau. L'élevage est responsable de 80% des émissions d'amoniac[20] qui se dissout dans l'eau et forme les pluies acides et l'acidification des lacs et rivières, avec impacte sur la faune et la flore.

Les surface agricoles

Au niveau mondial, on a une surface énorme occupé par l'élevage[21], c'est à peu près la même chose en France. Et quand je dis énorme, je pèse mes mots. 38 millions de km² utilisé pour l'élevage, c'est grosso modo l'équivalent des deux amériques.

Alors attention, certes l'élevage prend 80% des surfaces agricoles, 38m de km², mais la vaste majorité (32m de km²) sont des paturages, des terres sur lesquelles on ne peut rien faire pousser. Il reste tout de même 6m de km² pour faire pousser la nourriture des animaux, des terres arables. Il y a 8m de km² pour faire pousser les plantes directement pour les humains, un tout petit peu plus donc.
Imaginez si on arrêtait complètement l'élevage, toutes ces surfaces pourraient redevenir sauvage, des immenses réserves. Alors certes, il faudrait prendre une partie des terres arables utilisées pour l'élevage pour compenser en nourriture végétale, et c'est ce que nous allons calculer avec les calories du graphique.
Imaginons que l'on produise 100 calories. On a 83 calories produites par les 8mkm² des plantes, et 17 calories produites par les 6mkm² de plantes pour l'élevage mangées par les animaux qu'on découpe en viande. Si on fait pousser des plantes pour les humains pour remplacer ces 17 calories de viande, on a besoin de 17*8/83=1,7mkm² de terres arables avec des plantes. En mangeant le même nombre de calories, en plus des 32mkm de paturages, on récupère 6-1,7=4,3mkm² de terres arables. Pour infos, l'Inde, la totalité du territoire indien, c'est 3,3mkm². Avec tout ça, on aurait de quoi faire une belle pause dans la déforestation.
On peut aussi s'amuser à calculer le ratio de transformation calorique plante->viande quand on nourrit les animaux. Avec 6mkm² on produit 17 d'un côté, avec 8mkm² on produit 83 de l'autre. 6mkm² devrait produire 6*83/8=62 calories et en les donnant à manger aux animaux on se retrouve qu'avec 17. Soit un ratio de 3,6. Donc en gros il faut mettre 3,6 valeur calorique plantes pour obtenir 1 valeur calorique viande. C'est une grosse moyenne, il me semble que le ratio est pire pour les vaches et meilleur pour le poulet ou les oeufs, mais c'est systématiquement à perte.

L'eau

L'élevage consomme énormément d'eau. Notez que ce n'est pas forcément un problème écologique. Si le milieu peut fournir l'eau, tout va bien.

Dans le graphe ci-dessus on parle d'eau "bleue"[22] c'est à dire l'eau douce des rivières et des nappes phréatiques. Et c'est pourquoi le riz, qui forme des bassins, est autant consommateur. Si on prend en compte l'eau "verte", c'est à dire l'eau de pluie qui va faire pousser l'herbe, l'élevage explose les compteurs, avec le célèbre marronnier journalistique des "15'000 litres d'eau pour 1kg de boeuf mon dieu on va tous mourir". Logique, encore une fois, surtout compte tenu des immenses paturages. Mais on s'en fiche un peu de l'eau verte. Par contre il faudrait prendre en compte l'eau grise et noire[23], l'eau utilisée pour absorber les polluants et tout nettoyer. J'ai honteusement volé à viande.info un petit tableau qui récapitule tout ça :

On vire l'eau verte, et en rapportant ça au protéines (ce serait pas mieux des calories?), finalement le lait s'en tire pas si mal, et le porc demande plus d'eau que le boeuf.

La viande dangereuse pour la santé

Respirez. Vous pouvez être en parfaite santé avec un régime carné.
Tout comme l'écologie, le véganisme ne prône pas une bonne santé, il se contente d'être viable. Mais à nouveau, comme à la fois les végans l'utilisent dans leur communication, à la fois des objections au véganisme concernent ce point, on va en parler.
Donc il semblerait que la viande rouge favorise les maladies cardio-vasculaires (MCV) et le diabète de type 2[24]. Ce n'est une surprise pour personne normalement. Par contre attention, ce sont des études d'observation, on prend pleins de gens, on les suit sur longtemps, et on regarde les conséquences en fonction des groupes par régime, région, sexe, etc. Pour les MCV, bon, ce sont les graisses saturés qui bouchent les artères. Pour le diabète il semblerait que ce soit une attaque du pancréa, qui produit l'insuline, attaqué par les nitrites des viandes transformées (le saucisson) ajoutés par les fabriquants.
La viande rouge augmente aussi le risque de cancer colorectal[25] de manière significative. C'est encore qu'une corrélation, mais il y a plusieurs pistes d'explication du mécanisme, comme par exemple la cuisson du sang, surtout au barbecue, produirait des amines hétérocycliques et hydrocarbures aromatiques polycycliques, de petites saloperies cancérigènes.
Une chose est sûre, jamais aucun médecin ne vous conseillera d'augmenter votre dose de viande rouge.

La condamnation du lait

Les animaux élevés pour leur chaire, on sait ce qui leur arrive. Mais il y a dans le système de production du lait quelque chose de vicieux, la croyance d'une vie heureuse, alors que c'est probablement le pire élevage possible, industrie ou pas. Déjà rappellons que, comme pour tous les mammifères, une vache doit avoir un enfant pour produire du lait. Oui, il faut le rappeler parce que je vois encore des gens affirmer que les vaches produisent du lait, comme ça, sans enfant, parce que nos éleveurs les ont sélectionnés pour faire ça. Ce qui n'est évidemment pas le cas.
Donc, une vache peut avoir des enfants vers 2-3 ans, on commence les inséminations pour qu'elle ait un veau. Quand le veau naît on le laisse boire les premiers laits qui de toute façon sont impropres à la consommation. Puis on sépare le veau et sa mère pour récupérer le lait. Le veau part à l'abattoire si l'éleveur n'en a pas besoin. On peut avoir besoin de quelques rares veaux mâles pour la reproduction, et de certains veaux femelle pour remplacer celles qui partent à l'abattoire. Tous les autres, hop, direction l'horreur. Arrivé à 5-6 ans, la production de lait chutte, la vache est envoyée à l'abattoire. Sur une espérance de vie de 25 ans.
Le veau, je le rappelle, est un bébé animal. On le sépare de sa mère. Et on le bute.
Pour des raisons économiques, c'est partout comme ça, y compris dans une ferme artisanale. C'est pour cette raison que l'on mange beaucoup de veau.
Donc voilà, la blanquette de veau, c'est un bébé cuit dans le lait de sa mère. En terme d'éthique, c'est juste immonde. Imaginez le film d'horreur si des extra-terrestres faisaient ça à des humains. Il faut être éduqué depuis tout petit à trouver ça normal, ou être complètement taré, pour considérer ce genre de chose comme acceptable. Je m'inclus dedans, j'étais exactement comme ça, je ne voyais pas où était le problème.

La condamnation des oeufs

On peut aussi parler des oeufs. D'accord, tout le monde condamne les cages et les poussins dans les broyeurs. Mais allons plus loin. Ce genre d'animal vit normalement dans les fourées de la jungle ou des zones boisées denses. Il y a un coq fier qui défend son harème, des poules qui pondent une douzaine d'oeufs (oui elles savent compter, c'est pas une blague), puis élèvent la couvée, puis recommencent, 3 fois dans l'année, avec une pause hivernale. Puis l'homme les a domestiqué, probablement par le combat de coq et, assez tardivement dans notre histoire, l'homme a fait des sélections pour obtenir de plus en plus d'oeufs, jusqu'à 300 par an aujourd'hui, soit près de dix fois plus que sa ponte en milieu sauvage. Vous imaginez bien que le reste du système de ponte n'a pas forcément suivi le rythme, les humains ne s'intéressant qu'à la quantité d'oeufs qu'ils récupèrent. S'ensuivent des problèmes de santé, des carences en calcium, des saignements, des infections, de la fatigue, etc.
Donc prendre les oeufs des poules n'est pas une bonne chose pour elles. Déjà on le ferait pas envers des animaux sauvages, fécondés ou pas, on engueulerait des enfants oseraient. Il faut vraiment l'avoir normalisé par l'éducation, parce que bon, bah c'est pas à nous, donc c'est simplement du vol. Et ensuite ça les pousse à pondre toujours plus avec les problèmes que l'on a évoqué. Tant que la poule n'a pas ses 12 oeufs, elle va pondre. Donc si on a à coeur l'intérêt de la poule dont la santé devrait peser plus que notre plaisir gustatif pour des oeufs, il faut lui laisser ses oeufs.

La condamnation du miel

Concernant le miel, et bien là encore c'est du vol. Ce sont des animaux qui se tuent à la tâche, littéralement, et c'est particulièrement lâche de profiter de sa force pour leur piquer leur nourriture. Encore une fois je sais que le concept de "captation" est normalisé et qu'un amateur de miel aura du mal à approfondir la question en entendant l'accusation de "vol" mais c'est le mot qui décrit le mieux ce qui se passe, je l'emploi sans volonté d'insulter. Les abeilles ne veulent pas donner leur miel, on les enfument et on profite de notre domination pour le prendre contre leur volonté, par la force. Et certaines d'entre elles vont jusqu'à mourir pour protéger ce trésor. Il n'y a aucune différence entre la récupération du miel et la récupération de noisette dans la cache d'un écureuil. Et pourtant on engueulerait un enfant qui s'amuserait à piquer les réserves d'animaux.
Alors après on peut trouver des excuses comme l'échange, parce qu'on leur fabrique des maisons, on leur met des fleurs à dispositions et on leur donne de l'eau sucrée. Cela ne change rien à l'éhique du geste. Surtout que la plupart des productions de miel se font à partir d'une seule espèce d'abeille, créant une concurrence déloyale pour toutes les autres espèces de polénisateurs, mettant en péril l'écosystème.

Errare Veganum Est

Parce que oui, il n'y a pas de raison que seuls les carnistes aient le droit de raconter des bêtises. Voici un florilège de ce que j'ai croisé dans le milieu ferm(ent)é du véganism.

Le véganisme est meilleur pour la santé!

Et bien non pas du tout. Vous pouvez être en parfaite santé avec un régime végan, et vous pouvez être en parfaite santé avec un régime carné. Bien entendu, vous pouvez aussi avoir plein de problèmes de santé parce que vous mangez de la junk food, qu'elle soit végane ou non.
Il existe de plus en plus de junk food végane, d'ailleurs il y a un concept très intéressant en Finland, le Sipsikaljavegaani[26], qui a popularisé le véganisme avec l'idée simple que le "manger sain" n'est pas central dans l'idéologie.
Alors, si on veut se lancer des opinions à la figure, je dirais que les végans, dans notre société actuelle, sont en meilleur santé, globalement, que les non végans. Je n'en suis pas certain, c'est juste une estimation et qui ne veut absolument pas dire qu'un régime végan est par nature plus sain.
Notre société n'est pas habitué au véganisme, culturellement, donc on pourrait croire qu'il est plus simple de manger carné et sain grâce à notre connaissance ancestrale de ce qu'il faut faire devant une marmitte. Mais c'est oublié que l'industrie est aussi là depuis longtemps et qu'elle aime le sel, le sucre, le gras qui augmentent l'appétence d'un produit, donc les bénéfices. Quand on devient végan, on ignore tout sur la façon de faire, et on pourrait imaginer que les végans soient en plus mauvaise santé à cause de ça: un végan qui ne prend pas sa B12 aura des problèmes (reversibles) neurologiques en quelques années, et s'il ne fait rien, c'est la mort. Mais c'est justement parce que ça peut être grave que la culture végane prévient tous les problèmes potentiels, qui pourraient nuir à la personne et par extension au mouvement. Résultat les végans sont très bien informé en matière de diététique. C'est pourquoi cette avance sanitaire des végans n'est que temporaire. Dans une société végane nous aurions la même quantité de problèmes de santé.

Les carnistes sont tous des hypocrites

Accuser les carnistes d'hypocrisie, c'est comme utiliser à tout bout de champs l'accusation de sophisme dans une discussion. Le sophisme est une manipulation, ce qui implique que l'auteur sait que son propos n'est pas correct logiquement, il l'utilise en pleine conscience pour manipuler l'auditoire. Or, la plupart du temps, c'est involontaire, c'est juste une erreur logique, sans volonté de manipuler.
L'hypocrisie, c'est l'expression de sentiments que l'on a pas, c'est une manipulation.
Dire que l'on aime les animaux et les manger n'est absolument pas hypocrite si l'on a été éduqué pour trouver ça normal, il n'y a aucune volonté de manipulation, la personne n'est pas consciente de son erreur logique. Une fois que l'on a expliqué qu'il n'est pas possible d'aimer et tuer sans changer radicalement la définition du mot aimer, la personne entre en dissonance cognitive, c'est à dire une tension très désagréable entre ce que l'on pense - sincèrement aimer les animaux - et ce que l'on fait. Si la personne comprend son erreur logique, qu'elle continue de manger de la viande parce que c'est trop bon, et qu'elle s'affirme comme l'ami des animaux en public, sachant que c'est faux, là, elle devient hypocrite.
Mais c'est important de ne pas présumer l'hypocrisie, parce que ça veut dire que l'amour des animaux de l'interlocuteur n'est pas sincère, et comme lui il sait qu'il est sincère, c'est que l'accusateur se trompe, sur ça et probablement le reste.

Nous sommes frugivores!

Non, nous sommes omnivores. On peut être végan, ça ne nous permet pas d'échapper à l'étiquette Omnivore posée sur notre espèce. Ce système de classification est bien plus complexe qu'on ne l'imagine. Pour l'omnivorie, c'est un ensemble de traits physiologique, mais aussi et surtout une série de comportements alimentaires, on ne peut pas dissocier les deux, et généralement le comportement alimentaire l'emporte sur la physiologie. Prenez le panda géant par exemple, il appartient à l'ordre des carnivores, et il a un régime herbivore. Il a toujours les gènes et le système digestif des carnivores. Il pourrait manger de la viande, comme les autres nounours. Son comportement alimentaire prend le dessus, et on les classe chez les herbivores.
Donc si demain les humains décident de ne manger que des fruits et des pillules, on pourra alors classer les humains dans la grande et vénérable famille des frugivores, avec les binturongs et les mouches à fruit.
On voit beaucoup cette image qui nous compare au majestueux cousin le gorille, avec ses superbes canines de casseurs de fruits. Il faut faire attention avec cette comparaison, parce que eux ont un intestin légèrement plus long que nous. Pas beaucoup mais suffisamment. Ils mangent leur caca, comme le panda, pour avoir les bactéries qui décomposent la cellulose des végétaux, et ça prend du temps dans l'intestin. Nous, même si on mangeait le caca des gorilles pour avoir ces bactéries, ou le caca des pandas, à ce stade, c'est une question de goût, on ne pourrait pas avoir le même régime alimentaire, notre intestin est trop court.
Tout ça pour dire que le comportement est important, l'étiquette n'est pas immuable. Donc on s'en fiche de cette étiquette. On fait ce qu'on veut dans le cadre de notre survie/santé, l'étiquette du régime alimentaire n'est qu'une conséquence. En toute logique, on ne peut donc pas l'utiliser pour déterminer ce que l'on doit faire que ce soit pour condamner le carnisme ou le véganisme (raisonnement circulaire tout ça).

Tous plus jeunes avec le véganisme

Je n'ai pas trouvé grand chose sur le sujet[27], en général ça parle plus de meilleur santé à mesure que l'on vieillit. Ou alors c'est plus une question de manger sainement[28] et comme les végans d'aujourd'hui font attention à leur nutrition, on se retrouve avec un résultat biaisé. On peut obtenir les même effets avec un régime carné ("low-fat meat and fish"). Bref, il semblerait que cette impression ne soit qu'une perception distordue par la jeunesse du mouvement et la rigueur diététique de ses membres (*cough cough*), plus que par une valeur intrinsèque du régime.

Suivez les stars végans!

Bon, pour celui là j'exagère un peu, je comprends très bien l'importance de l'exemple. On parle d'un régime montré du doigt et moqué, parfois avec des blagues qui font mouche (comme avec ce sketch où des parents acceptent très bien que leur enfant soit homosexuel, mais végan c'est insupportable).
Pour des gamins dans des familles carnistes, ça peut être important d'avoir des personnalités qui s'affirment véganes. Tout comme un sportif de haut niveau peut être rassuré de voir que d'autres avant lui étaient végans.

Vers le véganisme

Vous n'êtes pas obligé d'être végan

Non non, vous n'êtes pas obligé d'être végan.
On connaît tous des fumeurs anti-tabac, des gens parfaitement conscient des dégâts du tabac, qui iraient jusqu'à enguirlander des inconscients qui fumeraient en présence d'enfants, et qui acceptent très bien les restrictions pour laisser les autres respirer. Eux même ne veulent pas se passer de tabac, et ils fumeront jusqu'à la fin de leur jour, mais ça ne les empêche pas de pousser la société vers de moins en moins de tabac, à commencer par les plus jeunes.
Vous pouvez faire pareil avec les produits animaux. Après tout, quelqu'un capable de pousser une école à offrir une option végane dans sa cantine fera plus pour les animaux qu'une personne qui devient végane.
J'ai été pro-végan pendant deux ans avant de sauter le pas. J'avais simplement pris conscience qu'une société végane était préférable, sans pour autant être capable de me passer moi même de viande.

Le lait végétal

Le lait c'est le plus facile, il existe pleins d'alternatives bien meilleurs. J'ai toujours pris un chocolat le matin, depuis le jour de ma naissance. Si je pouvais compter le streak de petit déjeuner chocolat je battrais tous les reccords de Dualingo. Et pourtant, pour ce point précis, devenir végan a été la meilleure chose qui me soit arrivé. Mieux que mon mariage ou la naissance des mes enfants (pas d'inquiétude ma femme carniste ne lira jamais jusqu'ici). Un chocolat avec un lait aux noisettes, un chocolat avec un lait aux amandes, c'est vraiment divin, surtout en mélangeant le lait avec un chocolat fait maison à base de cacao et de crème de coco. Une tuerie.
Vous pouvez retirer le lait de toutes vos recettes et prendre le lait végétal de votre choix, sans problème. D'autant que, bon, la production du lait, c'est probablement la plus horrible en terme d'éthique.
Sans devenir végan vous pouvez faire ça, c'est très facile, ça ne demande aucun autre effort que de changer d'étagère au supermarché.

Arrêter le boeuf

Une dernière injonction : Arrêtez le boeuf. C'est une catastrophe écologique. En Suède, ils ont popularisé le flygskam, c'est à dire la honte de l'avion. Il y a eu une baisse du trafic aérien et une augmentation du transport féroviaire. Le troisième aéroport du pays a du fermer.
Il faut faire la même chose avec le boeuf. En grec on dit "aîskhos" pour la "honte" et "Bous" pour le boeuf. On n'a qu'à dire l'"Aiskobous" pour qu'on arrête de consommer le boeuf. Et que vive l'aiskobous! Ouais, c'est pas terrible comme nom. Arquebuse.

Les alternatives à la viande

Il y a maintenant l'embarras du choix. Ici au Vietnam, avec la tradition boudhiste, on a pleins d'alternatives excellentes, que ce soit des saucisses, du bun cha, ou autre. En France, j'ai quand même gouté des trucs immondes, alors méfiez vous. A chaque fois que je rentre, ça s'améliore.

Découvrir

Pour tous ceux qui ne souhaitent pas se jeter dans le bain du véganisme pour apprendre sous la contrainte, il est aussi possible de prendre le temps de découvrir. Il existe un grand nombre de recettes simples pour végétaliser des plats, ou même faire de nouveaux plats. Si le plat ne plait pas, on l'oublie, s'il est bien on le cale petit à petit dans ses habitudes alimentaires. Arrivera un moment où vous pourrez vous nourrir totalement végan.
Bon, d'accord, cette méthode va vous demander du temps pour apprendre à cuisiner.

La viande de laboratoire

Le principe c'est de prendre des cellules d'un animal, et de les cultiver pour produire de la viande. De la vraie viande, donc, du muscle, exactement comme un steak prélevé sur un animal vivant, mais avec les tendons et le gras en moins, les antibiotiques et l'exposition aux agents pathogènes. C'est une viande bien plus saine, presque asceptisée, dont on peut gérer les nutriments, qui fait des économies sur l'effet de serre, les surfaces utilisées. C'est une viande végane. Je ne sais pas où on en est dans la commercialisation. En février 2024 l'UE n'avait toujours pas autorisé un tel produit à la commercialisation.

Junk Food végan

Oh oui ça existe: hamburgers, pizza, tarte, glace, desserts, hotdogs. Le véganisme n'a jamais prôné la bonne santé, ni la mauvaise santé, c'est juste une question de considération animale.
S'il faut commencer par là pour devenir végan, n'hésitez pas, vous pourrez compenser la culpabilité du gras et du sucre par le soulagement du bien être animal.

Devenir végan

Si vous choisissez de devenir végan, vous allez souffrir. Rien ne vaudra cette nouvelle conduite éthique, mais il faut être honnête, ce n'est pas facile. Les habitudes sont longues à changer, et il faudra impérativement passer quelques heures à vous informer sur une nouvelle façon de vous nourrir, apprendre à cuisiner, devenir parano en présence de plats inconnus, lire toutes les étiquettes, etc.
Mais on va pas se mentir, aujourd'hui, c'est fichtrement plus facile. Vous avez pleins de produits, et pleins de site pour vous aider, en voici quelques uns:
Vegan pratique[29] (fr)
Vegan health[30] (en)
Association L214[5] (fr)
The Vegan Society[31] (en)

Le Fromage est une drogue

Bonne chance pour arrêter cette drogue. Pour ma part l'effet de manque a durée deux ans. Je n'ai pas encore trouvé de fromage végan idéal pour aller sur les pizza ici au Vietnam, mais je sais que ça existe. Je suis encore en cours de recherche culinaire pour faire un truc potable à la maison, mais c'est pas gagné.
Le fromage à tartiner en revanche c'est super facile à faire.

Lire les étiquettes

Alors cette activité là, elle va vite devenir un réflexe, un véritable sport. Et hélas, vous trouverez systématiquement de la poudre de lait ou des oeufs dans ce que vous chercherez. Et parfois, ici ou là, le produit est étonnament végan, ça m'est arrivé avec des biscuits aux fruits : je lisais les ingrédients sans grand conviction dans un rayon gâteaux en France, et surprise! Pas d'oeuf, pas de lait, parfaitement végan, sans aucune mention dessus.

Sortir

C'est pas que ce n'est pas possible de sortir, c'est juste que vous entrez en milieu hostile. Et à un moment donné, c'est pénible, c'est mieux de rester à la maison. Ouais, les frites, ça va devenir un plat très, très, très répétitif. Vous allez devenir parano, et à raison parce que vous pouvez tomber sur des gens qui ne savent ce que c'est que le véganism, ou qui s'en fichent. Je veux dire, on m'a déjà servit une salade "végane" avec du calamar.
Et encore, aujourd'hui c'est bien plus facile.

Ruine sociale

Socialement, c'est dur. D'abord parce que c'est plus compliqué de sortir dès que de la bouffe est en jeu. Une bonne soirée entre amis, ça ne se fête pas avec juste une barquette de frittes. Mais il y a aussi recevoir et être reçu. Des gens dans leur gentillesse, vont essayer de se plier à cette nouvelle lubie végane, et vont échouer lamentablement. Que ce soit en organisant une sortie au zoo ou en faisant un plat exprès pour vous qui s'avère non végan et que vous refuserez la mort dans l'âme, sachant tous les efforts qui ont été fait pour vous.
Apprenez à prévenir les gens de ne rien faire pour vous spécifiquement, c'est important, sinon vous courrez au drame.

Un monde végan

La fin de l'élevage

Avec la fin de l'élevage, on récupère des surfaces énormes. A l'échelle mondiale, en prenant en compte la culture de plantes pour compenser, on récupère la taille de l'Inde en terres arables. Si on prend en compte toutes les terres (les pâturages où l'on ne peut pas faire pousser de plantes mais que l'on peut redonner à la vie sauvage), c'est la taille des deux amériques.
L'élevage c'est aussi 60% des gaz à effet de serre de l'agriculture (sans même compter les plantes cultivées pour les animaux d'élevage), agriculture qui compte pour environ 20-25% des GES.
Les nombreux éleveurs pourront faire autre chose, et y'a aucun problème pour les aider à se reconvertir.

La fin de l'équitation

Je sais que de nombreuses personnes aiment sincèrement les chevaux et font de l'équitation, avec le cliché de la petite fille qui se met à rêver de la compagnie de ces êtres majestueux dans sa chambre rose bonbon. Mais posons les choses clairement: ces animaux ne veulent pas qu'on leur monte dessus. Aucun animal ne veut ça. Il faut l'éduquer et l'habituer pour que ce soit possible. C'est clairement de l'exploitation, ces animaux ne sont pas fait pour ça.
Alors je vous propose un truc: profitons des terres que l'on a récupéré avec la fin de l'élevage pour créer des hordes de chevaux sauvages. Vous pourrez les admirer tant que vous voudrez. Et pourquoi pas garder un lien en venant leur offrir des pommes de temps en temps, s'ils acceptent d'approcher. Peut être que l'un de nous sera un Yakari qui rencontrera son petit tonnerre.

La fin des cirques

Alors c'est pas tout à fait exacte, il y a déjà des cirques qui fonctionnent sans aucun animal, donc c'est possible.
Comme le cirque n'occupe pas une fonction fondamentale dans nos cultures, la disparition de l'exploitation animale dans ce domaine ne semble pas si utopique que ça.

La fin des zoos

Les zoos ont une mission de conservation des animaux sauvages en voie de disparition. Le problème c'est que ce sont des entreprises privées, et qu'il y a donc forcément conflit d'intérêt entre les bénéfices et la conservation des animaux. C'est pourquoi, même si je ne doute pas une seconde de la sincèrité des employés qui se battent pour ces bestioles, on ne peut pas voir cette mission de conservation autrement que comme un green washing, avec toute la communication autour.
On le voit avec le problème des albinos. Ce sont des animaux qui font ramener du monde, donc les zoos essaient de s'en procurer, devenant une priorité dans la reproduction, au détriement des autres.
Les programmes de conservation animale devraient être des missions d'agence publiques qui ne soient pas dépendantes de bénéfices marchands. On peut imaginer que ces agences s'ouvrent au public moyennant finance, pour aider, mais il ne faut pas que ce soit le moteur du système.
Et bien sûr, pour tous les autres animaux, on leur fout la paix. Si vous voulez voir des girafes, vous regardez un documentaire ou vous allez en Afrique. On ne va pas enfermer une girafe pour ça, c'est absurde.

La fin de la chasse

Enfin on peut aller tranquillement se promener le dimanche sans risquer de se prendre une balle perdue.
On me dira qu'il faut bien réguler, et je répondrais que oui peut être, mais que filer cette besogne à des associations dont le but est de tuer un maximum d'animaux est plus qu'absurde. Si nous avons besoin de réguler, cela veut dire que l'environnement est mal réglé, il faut peut être réintroduire des prédateurs.
Et si vraiment y'a besoin, il faut que ce soit un groupe de garde forestiers assermentés, qui feront ça la nuit, avec toutes les règles de sécurité, une vision nocturne, et sans conflit d'intérêts.

La fin des épidémies

On y pense pas beaucoup, mais dans un monde végan, on n'a plus ces épidémies zoonoses. 60% des maladies humains ont des origines animales. Et 75% pour les maladies émergentes. Alors, là dedans, on aura toujours des problèmes avec des maladies comme la rage, mais on sera à l'abri des épidémies mondiales ou des scandales de vache folle ou de salmonelle.

La fin de l'expérimentation animale

C'est une question vraiment délicate. Admettons que l'on fasse tout ce que l'on peut pour retirer toute expérimentation animale qui ne soit pas strictement nécessaire à des avancées cruciales pour la santé humaine. Parce que oui, on peut justifier la violence pour sauver, mais c'est plus compliqué pour des cosmétiques.
Il faut reconnaître que si l'on pouvait tester sur les humains on pourrait faire d'énormes progrès, très vite. Mais pour des raisons éthiques, dès qu'il y a le moindre risque, on choisi de ne pas le faire. Notez que d'un point de vue conséquentialiste, on pourrait détruire quelques humains pour en sauver pleins. C'est un choix, on choisi de ralentir la science (et donc de laisser des gens mourir) pour éviter ces sacrifices. Nous pourrions prendre la même décision concernant les animaux: la science ralentirait dans ses découvertes (donc des gens qui meurent) et nous n'utiliserions plus aucun animal.
C'est un débat dans lequel je suis très loin d'être enraciné dans des convictions.

La fin de toute exploitation?

Parlons des sujets délicats: que fait-on des chiens d'aveugle, des chiens policiers qui reniflent les explosifs ou même de ces chiens à la truffe entraîné pour sentir des cancers? Que fait-on des animaux utilisés dans les hôpitaux pour aider les enfants à surmonter des épreuves difficiles?
Ici, nous tapons dans la nécessité, donc nous pourrions justifier l'exploitation. Surtout si l'on protège ces employés, en leur offrant une vie parfaite et une retraite assurée.
L'important serait de commencer à réflechir pour ne plus avoir besoin de ces animaux. Là encore c'est un débat ouvert.

Nos nouveaux compagnons

Le véganisme ce n'est pas se couper des animaux, bien au contraire, c'est les voir d'une autre façon, respectueuse, et je ne parle pas du respect de l'élevage qui mène à l'abattoir. Les animaux sont nos égaux en terme de droits fondamentaux: dignité, liberté, intégrité. Exactement comme nous le faisons déjà pour les animaux sauvages.
A nous de créer l'environnement le plus propice à leur épanouissement, et nous pourrons vivre à côté d'eux sans aucun problème. Les jardiniers le font pour les coccinelles, poussons le principe plus loin. Avec des poules par exemple. Ces animaux seraient libres, totalement indépendants des humains, et l'on pourrait profiter de leur existence, grâce à leur guano et leur appétit pour les limaces, sans que ce soit à leur détriement. Ce que l'on appelle le mutualisme.
Pour toutes les espèces d'élevage, on pourrait très facilement aider quelques spécimens à retrouver leur indépendance sur quelques générations.

Les océans

Là pour le coup c'est assez radical. Sans la pêche, les océans redeviendront un havre de paix pour la nature sauvage et violente. Bon on pourra toujours les polluer hein, mais au moins on arrêtera de tuer tous les poissons.

L'entrée dans le Conseil Galactique

Si notre société devient végane, peut être que nous pourrions postuler pour entrer parmi les sages de l'univers. Ce qui est certain en tout cas, c'est que d'un point de vue extérieur, infliger de telles souffrance à des innocents, parce qu'on aime le goût de leur chaire cuite, ne doit pas nous aider dans notre dossier d'admission, s'il y a une procédure en cours[32].

Fin

LE véganisme est toujours une position à débattre sur cette histoire de droit animal. Vous pouvez aller sur le groupe facebook si vous voulez m'insul... débattre. Je peux apporter toutes les corrections nécessaires.

Sources

[1] Was Vitamin B12 a problem for 19th century vegans? : https://ivu.org/john-davis/45-was-vitamin-b12-a-problem-for-19th-century-vegans.html
[2] Bigard Charal dépense des millions pour que vous ne voyiez pas ces images ! : https://www.youtube.com/watch?v=MMjpYgl1eo0
[3] Brazilian Prank: Sausages : https://www.youtube.com/watch?v=NG4WhppBNCM
[4] Articles L214 du code pénal : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006152208
[5] Association L214 : https://www.l214.com/
[6] Décret n° 2022-137 du 5 février 2022 relatif à l'interdiction de mise à mort des poussins : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045124750
[7] Appel à la nature : https://fr.wikipedia.org/wiki/Appel_%C3%A0_la_nature
[8] Argumentum ad antiquitatem : https://fr.wikipedia.org/wiki/Argumentum_ad_antiquitatem
[9] Engrais vert : https://fr.wikipedia.org/wiki/Engrais_vert
[10] Essential amino acids in plant food : https://en.wikipedia.org/wiki/Essential_amino_acids_in_plant_food
[11] Vegan Sidekick : http://www.vegansidekick.com/
[12] Épouvantail (rhétorique) : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pouvantail_(rh%C3%A9torique)
[13] Sophisme du juste milieu : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophisme_du_juste_milieu
[14] Y a-t-il vraiment des violences vegans contre les boucheries ? : https://www.liberation.fr/checknews/2018/09/12/y-a-t-il-vraiment-des-violences-vegans-contre-les-boucheries_1678286/
[15] Fueling the Vegetarian (Vegan) Athlete : https://journals.lww.com/acsm-csmr/fulltext/2010/07000/Fueling_the_Vegetarian__Vegan__Athlete.00013.aspx
[16] Sophisme par association : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophisme_par_association
[17] Deforestation of the Amazon rainforest : https://en.wikipedia.org/wiki/Deforestation_of_the_Amazon_rainforest
[18] Clinical studies show no effects of soy protein or isoflavones on reproductive hormones in men : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0015028209009662
[19] Position of the Academy of Nutrition and Dietetics: Vegetarian Diets : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27886704/
[20] Gaspillage et pollution de l’eau : https://www.viande.info/elevage-viande-ressources-eau-pollution
[21] Global Land for Agriculture : https://ourworldindata.org/global-land-for-agriculture
[22] Empreinte eau : https://fr.wikipedia.org/wiki/Empreinte_eau
[23] Eau grise et noire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eaux_grises
[24] Red meat consumption, cardiovascular diseases, and diabetes: a systematic review and meta-analysis : https://academic.oup.com/eurheartj/article-abstract/44/28/2626/7188739
[25] Red Meat and Colorectal Cancer : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4698595/
[26] Le Sipsikaljavegaani finlandais : https://www.youtube.com/watch?v=4-0k3kYco6E
[27] A low-fat, whole-food vegan diet, as well as other strategies that down-regulate IGF-I activity, may slow the human aging process : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0306987702002359
[28] Effects of vegetarian diets on aging and longevity : https://doc.rero.ch/record/293972/files/nutritionreviews55-s061.pdf
[29] Vegan pratique : https://vegan-pratique.fr/
[30] Vegan Health : https://veganhealth.org/
[31] The Vegan Society : https://www.vegansociety.com/
[32] Mangez-vous d’autres animaux? : https://www.youtube.com/watch?v=_gz9Vj8TMCc